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Les Quotidiennes de Val

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... c'est l'histoire d'une lectrice, d'une fille se promenant, allant au cinéma, poussant parfois ses coups de gueule,ou dévoilant ses coups de coeur...Pour au final, partager ce qui anime le quotidien...


Kinderzimmer de Valentine Goby (rentrée littéraire 2013)

Publié par Valou076 sur 1 Septembre 2013, 08:07am

Catégories : #rentrée littéraire 2013, #littérature, #service presse

Kinderzimmer de Valentine Goby (rentrée littéraire 2013)

Valentine Goby est un auteur dont je ne connaissais pas encore les romans jusqu'à présent. Kinderzimmer est donc pour moi une découverte d'une plume, mais aussi d'un élément de l'Histoire dont j'ignorais l'existence, la chambre pour enfants dans le camp de Ravensbrück, mais aussi une confrontation avec un sujet qui n'est pas toujours facile à lire, et qui peut faire hésiter sous la forme d'un roman, de peur de retrouver justement, ce côté trop romancé qui ne s'accorde pas vraiment avec le sujet.Tout commence par le témoignage d'une déportée, dans une classe de lycée. Faisant face à toute un groupe d'adolescents, la femme est prise au dépourvu par une élève qui lui demande : quand est-ce qu'elle a su qu'elle était à Ravensbrück ? En arrivant ou quelques temps après son arrivée ?

A partir de cette question, nous assistons à une plongée dans les souvenirs de cette femme, Mila, prisonnière politique en janvier 1944, et déporté dans un camp, alors qu'elle est enceinte. Ce point sera caché, aussi longtemps que possible, afin qu'elle ne subisse pas de représailles de la part de ceux qui dirigent le camp. La jeune Française découvre alors des termes qu'elle ne connait pas, mais qu'elle devra comprendre au plus vite pour survivre dans cet endroit où toute raison est "bonne" pour battre à mort une des prisonnières, nombreuses dans ce camp.

Mémoire

Comment écrire sur un sujet aussi souvent présent dans la littérature. Alors que l'on pense en faire le tour, et ne retrouver que des fictions sur fond de réalité, Valentine Goby présente les choses autrement et, très vite, nous vivons ce que Mila vit. Loin de ressentir cette horreur comme nous la voyons dans les livres d'Histoire, l'auteur nous donne plutôt la sensation de découvrir ce que pouvait être le quotidien dans les camps, sans recevoir les coups, mais en ressentant néanmoins tous ces coups psychologiques, cet abattement, cette résignation face à l'horreur. Mais au lieu de banaliser tout cela, c'est comme si Mila était tout simplement ce regard que l'on porte sur ce milieu si impitoyable.

Il y en a bien une, au moins, parmi elles, qui savait l'allemand pour initier le mouvement, comme à l'heure de son premier sourire, pure copie du sourire de sa mère, une grimace douce dénuées de sens. Le camp est une régression vers el rien, le néant, tout est à réapprendre, tout est à oublier. P. 21

Et puis il y a la question des enfants de déportés. On connaissait ceux qui sont arrivés sur place, et qui faisaient partie de la sélection à l'arrivée. Mais comment cela pouvait-il se passer pour les femmes enceintes, celles qui n'attendent un enfant que depuis quelques semaines ?

Une nouvelle fois, peut-être parce que je ne suis pas mère, c'est une question que je ne m'étais jamais posé, jusqu'alors. Et tout d'un coup, tout se bouscule ! Comment le vivaient-elles ? Comment le cacher ? Comment arriver à terme en subissant tous ces sévices ? Que devient l'enfant, à la naissance ? Comment est-il nourri ?

C'est justement pour cela que je trouve que ce roman est différent, et qu'il apporte quelque chose. Quand on croit tout connaître, avoir tout vu, de multiples questions reviennent à l'assaut, mettant en avant un nouveau thème que l'on ne connaissait pas.

Alors oui, Kinderzimmer est un livre dur, poignant, il présente encore une fois des faits inimaginables, à l'heure actuelle (quoique, on parle bien en ce moment d'un dictateur qui gaze la population de son pays !) C'est un de ces livres qui est là, pour ne pas oublier, encore à l'heure actuelle, et plus que jamais d'ailleurs, au regard de la situation internationale aujourd'hui. Valentine Goby semble nous rappeler aussi, dans ce livre, que tout est possible si l'on ferme les yeux.

C'est un roman qui se lit, se termine, se range, mais qui reste en tête, certaines images plus que d'autres. Mais il est difficile, à mon sens de passer à autre chose innocemment. Une rencontre impressionnante avec cet auteur.

C'est aussi ma deuxième lecture de la rentrée littéraire, qui passe devant le Metin Arditi, quand même ! Un roman que je recommande !

 lectures : 2 / 6

lectures : 2 / 6

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M
Un peu pareil que pour Sorj, je n'arrive pas à m'y intéresser malgré les retours percutants ! Les romans sur la guerre ne me tentent guère, même si je lis en ce moment le Pierre Lemaitre (mais parce que c'est Lemaitre ;) )
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V
c'est un sujet qu'il est difficile de totalement éviter, en même temps...
M
Je le note ce titre. Valentine Goby m'avait bouleversé avec "L'échappée" et elle sait écrire sur des sujets de femmes difficiles.
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M
Elle a écrit sur les avorteuses avant la légalisation dans "Qui touche à mon corps je le tue". Très forte intensité aussi.
V
je garde ce titre dans un coin de ma tête "L'échappée". J'aimerai lier un autre roman de cette auteur pour voir comment elle parle d'autres thèmes. Celui de la 2e guerre mondiale et des camps est toujours particulier chez un auteur je trouve...
A
Je n'ai pas été emballée par le seul roman lu de cette auteure (banquises) notamment par l'écriture, trop hachée. Est-ce le cas ici ? J'ai déjà lu sur le sujet, mais je serais prête à refaire une tentative avec Valentine Goby.
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V
C'est assez hachée oui. Je me souviens avoir lu ta critique sur Banquises. Concernant cette histoire, je trouve que le style colle. Par son vécu dans le camp, je vois cette écriture comme un moyen de montrer comment le fil de la pensée peut-être décousu, ou bref, à cause de ses conditions de vie. Si tu veux je peux te le prêter, je rentre la semaine prochaine à Rouen.
A
IL me tente vraiment celui-là!
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V
C'est certainement un des titres forts de cette rentrée, à mon avis !
L
Très envie de me plonger dans ce thème : l'angle choisi est intéressant.
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V
C'est en partie pour cela que j'ai été intéressée par ce titre : l'originalité de l'angle choisi, pour un sujet fréquemment présent dans la littérature actuelle.

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