... ou comment louper totalement un rendez-vous avec un roman plébiscité !
Ce la faisait un moment que je n'avais pas stagné comme cela devant un roman. Mon 4e sélectionné pour le jury de lecture de l'Armitière est une déception, et un abandon en bonne et due forme.
Je vous rappelle tout d'abord sa 4e de couverture :
Pologne, quelques années après la chute du communisme. Lorsqu'on retrouve le cadavre d'un homme dans la forêt qui entoure le petit bourg de Jadowia, Leszek, un ami de la famille du disparu, décide de faire la lumière sur l'affaire. Il comprend vite que cet assassinat est lié à l'histoire trouble du village. Mais, dans cette petite communauté soudée par le silence, beaucoup ont intérêt à avoir la mémoire courte et sont prêts à tout pour ne pas réveiller les fantômes du passé. L'ère communiste a en effet laissé derrière elle bien des séquelles et personne n'a rien à gagner à évoquer cette période où la dénonciation était encouragée, la paranoïa et la corruption étaient omniprésentes, les comportements souvent veules. Sans parler de secrets plus profondément enfouis encore, datant de la Seconde Guerre Mondiale, lors de la disparition brutale des Juifs établis à Jadowia depuis plusieurs générations. Leszek va devoir mettre sa vie en jeu pour venir à bout de cette chape de silence et faire surgir une vérité bien plus inattendue encore que tout ce qu'il avait imaginé.
Dans ce thriller hors norme, au style d'une beauté et d'une puissance rares, Charles T. Powers aborde avec un art magistral de l'intrigue et du suspense des thèmes aussi universels que la culpabilité collective et individuelle, la mémoire et l'oubli - et les répercussions de l'Histoire dans la vie de chacun. Un véritable chef d'oeuvre du genre qui restera, hélas, l'unique roman de son auteur, décédé brutalement après avoir remis son manuscrit à son éditeur.
Chef d'oeuvre? Thriller ? Art magistral de l'intrigue et du suspense ????
Autant vous le dire, je me suis ennuyée durant cette lecture inachevée. J'avoue, j'ai quand même des scrupules à ne pas le finir mais là trop c'est trop ! Si son écriture est un art, l'auteur est manifestement amateur de clichés propres à l'image de la Pologne. La vodka ! Des Polonais qui boivent comme des tous, à part Leszek, bien sûr, héros de notre histoire.
Rien ne m'a véritablement aidé à venir à bout de ce roman : une multitude de personnages avec des noms impossibles à lire...Vous allez me dire, il n'allait pas les appeler Dupont ou Durand...mais bon, cet élément ne m'aidait déjà pas à distinguer les différents personnages...
Cette manie ensuite de les montrer systématiquement le litron de vodka à la main, ou déjà totalement ivre mort, cela aussi me lasse.
La construction du récit était pourtant pas si mal que ça. Il y avait une alternance de narrateur, un chapitre sur deux donnant la parole à Leszek, les autres présentant toutes la nébuleuse de personnage autour de lui, chacun composant une partie de ce chapitre. Le roman démarrait pas trop mal, Tomek est retrouvé mort à la fin du premier chapitre, pour moi, l'ensemble allait s'enchaîner. Mais, à la place, Leszek parle de son ami d'enfance quelques instants avant de s'étendre jusqu'au bout de son chapitre en parlant de sa relation avec la femme du vétérinaire, ou de ce champ qu'il veut acheter... Les autres, quant à eux, vivent dans leur monde, l'intrigue avance à vitesse d'escargot, pour moi ce n'est aps un thriller, mais Bruno Crémer dans un de ses derniers rôles dans la peau de l'inspecteur Maigret, c'est mou, mou et re-mou !
476 pages de récit, après plus d'une semaine de lutte, d'endormissements et de lassitude, je lâche page 286... Je ne lis même plus pour connaître le fin mot de l'histoire, mais tout bêtement pour avancer, et quelques heures après avoir posé le livre, à sa reprise, je ne sais même plus où j'en suis...
Je reconnais à l'auteur un bon style d'écriture, une manière de tourner la phrase intéressante et finement ajusté parfois. Dommage que cela ne m'est aps suffit pour apprécier son unique roman.
Vous comprendrez donc ce lâche abandon, qui me laisse un goût amer, malgré tout (je déteste le goût de l'inachevé) mais, à deux semaines de la reprise d'un travail, je veux aussi lire autant que faire se peut, avancer dans ce jury et ne pas perdre de temps bêtement.
Je me pose d'ailleurs une question, certes un peu mesquine...mais le fait que cet homme n'est jamais vu son roman publié, ni le succès autour de son "bébé",n'est-ce pas ça qui attire aussi les louanges des éditeurs, ici Sonatine, ou encore d'écrivain comme Ellory, qui vend à prix d'or certainement ce commentaire :
" Un roman d'une rare intensité, d'une puissance ahurissante...C'est un chef-d'oeuvre, de ceux qui marquent à jamais l'esprit de leurs lecteurs".R.J. Ellory
Note : 3 / 10