Marie Gillain, Vincent Lindon..un beau
duo !
Je ne connais pas ecore l'auteru Emmanuel Carrère, je n'ai encore jamais lu aucun de ses romans. Toutes nos envies est un long-métrage tiré d'une libre interprétation du livre D'autres vies que la mienne. Si ses lecteurs crient au scandale en n'y retrouvant pas ce qu'ils ont lu, j'avoue volontiers avoir beaucoup aimé ce film, traitant de deux maladies : physique et sociale.
Claire est une jeune juge d'instruction, mère de deux enfants. Au tribunal, elle retrouve face à elle la mère d'une camarade de classe de sa fille, pour une affaire de surendettement. Harcelé par des organismes spécialisés dans les crdits la consommation, la mère ne peut que choisir entre l'électricité, le loyer ou les remboursements...et sa situation devient chaque jour un peu plus désespérée. Claire décide de lui venir en aide, et se fait retirer l'affaire. Pendant ce temps-là, la juge apprend également la présence dans son cerveau d'une tumeur inopérable, et que ses jours sont désormais comptés. Entre combat pour survivre et venir à bout de son dossier, Claire contacte le juge Stéphane débouté à maintes reprises dnas ce type d'affaires, afin de trouver la faille permettant de sauver la pauvre femme.
Philippe Lioret signe ici un film bouleversant, en contre-la-montre, que ce soit autour du dossier de Céline, la maman surendettée, et Claire, la juge qui n'a plus que quelques semaines à vivre avant d'en finir avec ce dossier.
Inutile de préciser que ce film est dur à plus d'un titre. Si nous mettons de côté la question de la tumeur, comment peut-on venir à bout de ces prêts à la consommation qui, au lieu de donner un coup de main en cas de coup dur, deviennent très vite une épée de Damoclès au-dessus de la tête des créditeurs qui voient le taux d'intérêt gonfler à une vitese folle. Et pourquoi continuer de prêter à une personne peinant déjà pour rembourser un premier prêt.
J'avoeu que ce type de financement me terrifie, car je me demande si l'on peut vraiment sortir de là, de cette situation on ne peut plus précaire : les huissiers, les expulsions... En tapant sur ce problème de société, l'auteur du scénario signe une phrase que l'on retrouve dans la bande-annonce et qui symbolise à merveille - hélas- le monde d'aujourd'hui :
"Le crédit c'est la consommation. La consommation c'est le système. Et le système on n'y touche pas."
D'un autre côté, il y a cette jeune mère condamnée, soufflée par la maladie alors que sa vie se trouve encore devant elle, mais qui continue son combat, c'est ce combat qui la maintient debout, sans aucun doute, alors que personne ne sait qu'elle n'a plus que quelques mois à vivre, à peine. Marie Gillain est remarquable, convaincante, émouvante. Vincent Lindon m'a donné envie de voir ces autres films dans lesquels il est apparu ces dernières années : Welcome etc. Et dire que je ne pouvais pas le voir avant, là je ne demande qu'une chose, le revoir dans d'autres histoires (A noter par ailleurs qu'il joue le rôle principal d'un autre film adaptant un roman de Carrère : La moustache).
Complétement balayé par le phénomène Intouchables, ce film mérite à mon sens d'être vu. Même si, apparemment, le film ne ressemble pas vraiment au support papier, je rappelle la notion de libre interprétation annoncée dans la bande-annonce. Vierge de toute lecture, j'ai beaucoup aimé ce film pour sa justesse, ses messages d'espoir mais aussi de courage...
Malheureusement, je me demande si vous aurez encore beaucoup l'occasion de voir ce long-métrage dans les salles obscures, mais s'il y est encore, prenez un ou deux mouchoirs et allez-y !