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Pas de doute, celui-là, c'était un sacré pavé. Dans le cadre du Prix des lecteurs de l'Armitière, je me suis retrouvée, il y a trois semaines environ, avec ce mastodonte de 680 pages à découvrir. Après Constellation d'Adrien Bosc (primé depuis ma lecture !) ainsi que La Trace du fils, de Gaspard-Marie Janvier (déjà oublié !), ce dernier avait tout intérêt à être intéressant, pour que je franchisse cet Everest de pages, sans trop de dommages.
En ce qui concerne le sujet, je me disais déjà qu'il allait y avoir du bon, et du moins bon. "Nous sommes en mai 1981, François Mitterrand vient d'être élu président de la République, et les espoirs de la gauche sont enfin confirmé, avec leur retour au pouvoir. Le roman part de cet événement, pour parcourir la vie de quatre jeunes hommes qui viennent tout juste de passer le bac : Rodolphe, Tanguy, Benoît et Paul. Chacun a son histoire de famille, ses engagements, ses envies, ses rêves... et chacun va suivre sa route pour exaucer tous ce qui alimente ses pensées.
Culture, sexe, engagements politiques, orientations professionnelles... tout y passe dnas cette fresque d'une époque, en passant des premières années Mitterrand dans une première partie, avant de faire un bond dans le temps, à la découverte des dernières années et mois avant l'élection de François Hollande à la tête de la France. Des errements de jeunes en quête de nouvelles vies et de valeurs, au constat sur l'état du monde dans les années 2010, l'auteur présente la fresque de toute une génération, qui croyait encore au changement.
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Ce roman avait le mérite, dès le démarrage, de m'intriguer de par sa problématique de fond : les jeunes face à l'arrivée du socialisme au pouvoir. Je n'étais pas née à l'arrivée de Mitterrand au pouvoir et je ne me souviens de lui que par l'annonce de sa mort. Ce qui est assez minimaliste.
Difficile de ne pas faire de politique en évoquant ce roman. Politique que l'on retrouve dans la détermination de Rodolphe, qui veut se démarquer du communisme ambiant au sein de sa maison, et qui se lance dans le militantisme.La question que l'on peut se poser, quand on a comme moi 28 ans : la jeunesse était elle aussi enthousiaste aux dernières présidentielles, par rapport à celles de 1981 ?
Parmi les quatre personnages-phares de ce roman, ma préférence allait vers Benoît, le passionné de photographie qui ne veut pas tenter sa chance une deuxième fois pour avoir le bac. Paul est mou, Paul est ans une famille frigide et conservatrice, qui n'admettrai pas sa vraie "nature" ; il est gay. Gay mais mou, effacé, craintif. Quant à Tanguy, sa détermination d'un premier temps est contagieuse, avant de devenir légèrement malsaine.
Ce que je retiens de ce roman, cet énorme roman, c'est l'arrivée d'éléments faisant partie du quotidien de notre société aujourd'hui : la découverte du Sida, cette maladie qui était souvent encore sans nom, intraitable et passée sous silence. C'est aussi les engagements politiques et la montée dans un parti, que 'auteur tente de nous présenter, évoquant ces idées bien ancrées désormais qu'être socialiste ne sous-entend pas systématiquement proche des gens par la pensée et par le porte-monnaie... La liberté des mœurs aussi, que ce soit de l'homosexuel ou de la femme, soumise encore à son mari dans certains foyers.
Alors oui, il y a du bon dans cet ouvrage, mais il y a aussi des longueurs, l'écueil à craindre quand on fait un roman de 680 pages et, pour le coup, je pense qu'il aurait été judicieux d'aller un peu plus loin sur le regard de la jeunesse sur la politique, comme on pouvait s"y attendre un peu en lisant la 4e de couverture, car, même si nous bouffons de la politique chaque jour, avec son lot de scandales et de réformes plus ou moins valables, le sujet de la jeunesse sous Mitterrand me plaisait, pour mieux faire le parallèle avec la situation actuelle. Si on voit bien une population française désenchantée aujourd'hui, j'aurai aimé faire ce parallèle plus en profondeur avec ce roman.
Enfin, même si je ne me permettrai pas de la noter ici, je tire mon chapeau à l'auteur pour la phrase de fin, que j'ai noté et gardé précieusement dans un bloc-notes. Si seulement je pouvais conclure mes articles, à chaque fois, d'une façon aussi efficace, je serai la plus heureuse des journalistes !
Et vous, avez-vous lu ce roman ?