/image%2F0552326%2F20140405%2Fob_d0a56f_002847232.jpg)
Comment est-ce que ce livre a fini entre mes mains ? C'est une question que l'on peut se poser, quand on connait mon manque de passion pour l'Afrique, tout juste oublié lors de ma lecture de La Ferme africaine de Karen Klixen.
Une fête du livre était organisée dans la ville où je travaille. Invitée d'honneur annoncée : Scholastique Mukasonga. D'elle je ne connait que ce roman, pour son prix Renaudot. Je sais qu'il s'agit du Rwanda, du génocide des Tutsis par les Hutus...bref, autant dire que le sujet ne s'annonçait pas facile pour moi.
Pourtant, l'occasion de rencontrer ou d'interviewer un vrai écrivain étant particulièrement rare dans ce secteur, je me suis décidée, et j'ai acheté ce roman, tout simplement.
Notre-Dame-du-Nil est un lycée-pensionnat pour jeunes filles rwandaises de bonnes souches. Celles-ci sont un univers clos, à l'écart de la ville, et sont destinées à de grandes unions entre bonnes familles. Hutus et Tutsis cohabitent, modestement, les Tutsis ne sont là que pour respecter un certain quota.
Beaucoup d'éléments ressortent de cette histoire. Les personnages sont multiples, nous passons de l'un à l'autre, successivement. Cette succession de personnages m'a un peu gênée, car je n'arrivais pas à resituer directement ces lycéennes...ça n'aide pas à se lancer à fond dans la lecture d'une roman.
Ça provoque ensuite un laisser-aller, l'abandon d'un roman au bénéfice d'un autre, ou d'un manga,un chapitre lu avant le dodo, et le livre prend la poussière pendant une semaine...
L'auteur finit ensuite par annuler sa venue, commémoration au Rwanda oblige. Et le livre reste de côté... je sens venir l'échec, une fois de plus, face à la littérature se déroulant en Afrique.
/image%2F0552326%2F20140409%2Fob_7873d2_08-shooting-dogs.jpg)
Puis vient le moment où mon copain décide de regarder ce film : Shooting dogs. Une nouvelle étape à franchir. Réticente dans un premier temps, je finis par le regarder avec lui. Et là je me prends une claque. Je vois en images l'horreur du génocide du Rwanda, ses massacres, la peur... et le visionnage de ce film m'a finalement aidé à reprendre le roman, pour lire les 150 dernières pages d'une traite, ou presque.
Et finalement, malgré toutes ces hésitations, ces craintes, ces arrêts dans la lecture, avant de reprendre laborieusement... et bien je reconnais que c'est un roman très riche.
Il ne parle pas du génocide, il en est le prélude, il annonce ce qui se déroulera par la suite, la violence est avant tout dans les comportements et dans la tête des Hutus. Elle est d'autant plus terrible qu'elle est dans la tête de jeunes femmes, encore des adolescentes, mais complètement gangrenées par les idéologies de leurs aînés.
Notre-Dame du Nil est également un regard sur la conditions de vie des jeunes femmes dans des pensionnats catholiques, en Afrique. On y voit cette Vierge noire, adaptée au continent pour entraîner les autochtones dans la foi religieuse. De leurs côtés, ceux que l'on nomme les marabouts se cachent pour continuer de pratiquer leur magie, un blanc complètement fou manipule une lycéenne pour réaliser ses rêves fantasques d'un monde roi et de reine...
Ce roman apporte tellement de choses que oui, en effet, je confirme qu'il est à lire, pour la multitude de messages se cachant entre les lignes, et pour ce regard si aiguisé sur un pays en pleine dérive vers l'horreur, livre écrit par une Rwandaise ayant échappé à ce massacre qui entache l'histoire de son pays.Il en aura fallu du temps pour me convaincre, mais le résultat est bien là !
Et vous, l'avez-vous lu ?