Il y a quelques jours, je découvrais avec beaucoup de plaisir une bande dessinée consacrée à la fin de vie de cet écrivain autrichien ( chronique à retrouver ici !)
L'envie de lire un roman de cet auteur est très vite apparue, et mon choix s'est orienté vers ce petit livre, d'une centaine de pages. Il s'avère que mon choix s'est arrêté sur le dernier roman de Stefan Zweig, publié à titre posthume.
Le narrateur embarque à bord d'un navire prenant la mer pour l'Argentine. Nous sommes en pleine guerre,. C'est un Autrichien qui fuit le nazisme sévissant en Europe, ne pouvant vivre plus longtemps dans ce monde qui a tant changé. Arrivant à bord, il apprend que le navire accueille une personnalité de taille : le champion du monde en titre en jeu d'échecs, Czentowitz. Les "on-dit" le présente comme un joueur sans pareil, mais aussi comme un homme sans intelligence, ni discussion...les écheccs sont le seul moyen d'expression de cet homme. L'Autrichien veut alors en savoir plus, mais le seul moyen d'approcher ce joueur, c'est de lui proposer de faire une partie d'échecs ! Alors que les parties sont rondement menées par le champion, balayant toute tactique des adversaires de ce dernier, un homme vient prêter main forte aux amateurs, parant plusieurs coups à l'avance ! Mais qui est ce Mr B. ?
C'est un roman qui met en avant plusieurs parcours, plusieurs personnages. Si certains formats courts ne plaisent pas, par manque de descriptifs, ou de développement, je me suis rappelée ici combien Stefan Zweig est un auteur de génie. Cet homme savait faire apparaître des sentiments, de l'histoire, de l'info...
Ce récit m'a également donné l'impression que l'auteur y mêlait de sa vie personnelle, s'inspirant de cet exil qui lui pèse pour donner de la consistance à son narrateur, le transformant finalement en lui-même.
La mise en abîme avec le récit de Mr B., son attirance pour les échecs, et les souffrances subies lors d'une séquestration par les forces allemandes, est impressionnante.
Bref, j'ai été bluffé par cet ouvrage, qui m'a vraiment charmée par sa qualité d'écriture, son récit si prenant... Alors que nous voyons Mr B. progresser doucement vers la folie, je ressentais comme une pression, un stress, face à cette descente aux enfers.
Une découverte qui me donne envie de poursuivre encore ces rencontres avec Zweig, ses romans, mais aussi les auteurs de référence, les "classiques", car, une nouvelle fois, une déception de taille a été ressentie lors de la lecture d'un roman venant de sortir...Parfois, je me demande comment des auteurs peuvent montrer tant d'arrogance, en "pondant" des livres suintants de suffisance...
En tout cas, pour ce roman, je suis conquise, et je compte bien ne pas m'arrêter là avec Zweig.