/image%2F0552326%2F201307%2Fob_690fcb349f8bec5fa7f91a1ae3ba2274_76624164-jpg.jpeg)
Il y a des livres qui vous tentent dès le premier regard, qui suscitent une envie à chaque fois que vous les croisez. Mais un argument contraire s'impose toujours, disant d'attendre, de patienter, de saisir l'occasion.
C'est, en quelques sortes, le résumé de mon rapport avec cette bande dessinée d'Etienne Davodeau, depuis désormais un an, à chaque passage en librairie.
Puis, lors de ma dernière virée en bibliothèque, il se présente là, devant moi, me faisant de l’œil. je saute alors dessus, et fonce à la banque de prêt, avant de le voir me filer entre les doigts, encore.
La semaine dernière, j'ai enfin pris le temps de le lire, et sans aucun doute je suis conquise, et je sais qu'il sera difficile de rendre ce volume à la médiathèque.
Avant tout, ce livre est l'occasion de me plonger à la découverte de deux univers qui m'intéressent depuis un moment déjà : la bande dessinée, et le vin.
Plus qu'une lecture, ce moment partagé avec l'auteur et le vigneron est une immersion dans deux univers qui me sont encore inconnus. Et cette sensation colle avec le récit. Etienne Davodeau invite son ami Richard Leroy, vigneron, a partager son savoir autour du monde du vin et des vignes, en échange d'une découverte au cœur du monde de la bande dessinée.
Cet échange est l'occasion de découvrir des scènes savoureuses, attachantes mais aussi très riches en information, sur le ressenti que chacun a sur son métier. L'un comme l'autre pratique un art, méconnu de la majorité. Lors de rencontres avec d'autres auteurs de bandes dessinées, le vigneron découvre les techniques de chacun, et leurs état d'esprit alors qu'ils croquent leurs personnages
" Je crois que ce qui fait notre identité, c'est, entre autres, nos défauts. On doit les comprendre et les accepter. C'est comme une gueule : un visage prétendument, sans défaut, c'est fade, ça emmerde tout le monde. " p.46
Alors que, de son côté, Richard Leroy défend sa terre comme une terre d'exception, son métier comme un art, une richesse sans égale, au plus près de la nature.
Très vite, cette passion de la nature se démontre par al démarche d'un homme qui, au lieu de coller à l'agriculture moderne, et à l'envie de toujours faire plus, se limite, refuse de céder à la folie des label, et conserve son identité propre, pour être libre de travailler sans contrainte.
" Rester petit, c'est garder le contrôle sur la qualité de notre travail ! Refusons de croître. " p.158
" - Alors pourquoi tu t'obstines à ne pas mettre le logo "AB" sut tes bouteilles ?
- Parce que je refuse que le bio soit un critère commercial pour mes vins... moi je veux que les gens viennent uniquement parce qu'ils les aiment. " p.70
Au fil des pages, le lecteur découvre les noms de grands vins, les techniques du dessinateur, les craintes du vigneron à l'heure où l'orage gronde, les difficultés à s'insérer dans le monde du 9e art, la dure loi du marché et les goûteurs venant juger de la qualité du vin, la grande diversité des techniques de dessin, d'un auteur à l'autre.
Cette expérience croisée entre les deux protagonistes est résumée en fin de volume, avec le listing de ce qui a été lu, et de ce qui a été bu durant cette période d'échanges de savoir. Passionnant !
Aujourd'hui, je ne souhaite qu'une chose, suivre des cours d’œnologie afin de connaître et de reconnaître les bons vins, mais aussi de garder la liste des bandes dessinées et vins sous la main, pour pouvoir participer, moi aussi à cette grande découverte.
Un coup de cœur donc, et, désormais, l'envie d'acheter cette bande dessinée pour pouvoir la relire, et la partager avec d'autres.
Et vous, l'avez-vous lu ?
" Nous ne sommes pas des dessinateurs que des raconteurs d'histoires. Notre dessin est une écriture. Notre but est le récit, le livre. " p.154