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De Sorj Chalandon, je ne connaissais encore que Mon Traître, qui m'a permis de plonger dans les heures sombres du conflit en Irlande du Nord, aux côtés des indépendantistes et de l'IRA. Toujours en attente pour son Retour à Kyllibegs, c'est avec curiosité que j'ai vu la sortie de ce nouveau roman, chez Grasset.
Le dépaysement proposé dans son sujet a également été le moteur de mon envie d'en savoir plus sur ce roman. Ici, nous partons sur une autre terre en guerre : Beyrouth et le Liban. Sujet pour le moins obscur, en ce qui me concerne. En effet, c'est un conflit qui a été toujours difficile à comprendre pour moi, je m'emmêle les pinceaux, j'inverse les rôles, et je me perds dans les différentes tendances religieuses (Qui est quoi ?).
Je vous rassure tout de suite, je suis indécrottable, et donc je dois encore plancher sur la question pour mieux comprendre, malgré la lecture de ce roman, d'une richesse impressionnante.
Dès le début, on se dit que quelque chose ne va pas, et que le roman ne sera pas fantaisiste du tout (je n'attendais pas ça de l'auteur, je rassure !)
Sorj Chalandon présente deux personnages : Sam et Georges. Sam est un réfugié grec, qui vient vivre en France. Georges est un héritier de mai 1968, "avocat" des grandes causes, révolutionnaire caricaturé du Quartier Latin de Paris, et vivant des séquelles d'une bastonnades, dans sa folle jeunesse. Sam a un passé chargé, il a subi les horreurs de la torture, et n'aspire qu'à la paix. Pour forger cette paix, il monte un projet, qui visera à apaiser, pour quelques heures, les terres libanaises : mettre en scène Antigone, d'Anouilh, dans la ville de Beyrouth, victime des violences de la guerre. De plus, chaque acteur représentera une communauté/religion différentes : chrétien, druze, chiite, palestinien...
Mais Sam est malade, confiant alors son projet à Georges, l'invitant à se rendre sur place, pour réaliser ce rêve qu'il ne pourra pas accomplir lui-même.
En lisant ce roman, j'avais l'impression de découvrir une terre en guerre, aux côtés de ce personnage aux idées si arrêtées, avant son départ. Puis vient le premier moment de tension, la première fusillade, la première flaque de sang...
Tout s'enchaîne. Progressivement cette pression que ressent Georges se retransmet au lecteur qui découvre des descriptifs terribles, des populations meurtries, anxieuses, des batailles ne trouvant aucun justification...et cette peur au ventre, à chaque sortie.
Au début de ma lecture, je reconnais que je me posais des questions sur l'évolution du roman. Puis, progressivement, les descriptions viennent comme des claques, jusqu'à ce moment terrible où la guerre est bien là, après cette attente.
Une pléiade de personnages défile sous nos yeux, chacun avec ses convictions, ou ses engagements. Progressivement, un respect s'installe entre ces personnes dont les peuples sont ennemis, tout cela, au nom de l'art, et du théâtre.
J'aimerai que ce livre se lise un peu partout, qu'il se partage et, en ces instants où l'on se demande encore s'il faut faire la guerre ou non, que l'on pense autrement, que l'on se sépare, quelques instants, de notre regard d'Occidental européen, pour penser, voir autrement...
Chapeau à Sorj Chalandon, qui est de nouveau sélectionné pour des prix, avec ce roman très puissant ! Une nouvelle lecture également pour le challenge de la rentrée littéraire, qui passe en tête de mes lectures se classant dans cette catégorie !