Lire le dernier Rowling n'est
pas une mince affaire. Car, qui n'a pas les souvenirs d'Harry Potter en tête, ou encore, la vague impression que le grand phénomène de pub, à l'occasion de la sortie de ce roman, s'est rapidement
dégonflé, et que tous les espoirs fondés sur cette sortie ne se sont pas conclus de manière très enthousiastes.
Mais passons un coup de balai là-dessus et concentrons-nous sur ce pavé, encore un, qui a terminé entre mes mains pendant environ deux semaines.
Ici, pas d'école de sorciers, ni de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom... Il s'agit de la vie vraie, en plein coeur d'une bourgade anglaise, Pagford, déchirée depuis des décennies sur la question des Champs, lotissement de la ville voisine, sur les terres de Pagford, et abritant tout ce qu'il y a de plus "bas" dans la société :junkies, voleurs, zonards...
Autant dire que pour les élus du conseil paroissial de Pagford, contre ce lotissement, le but ultime est de se débarrasser de la responsabilité de ses terrains, pour vivre en harmonie, dans une petite ville bourgeoise on-ne-peut plus calme.
C'est ainsi que nous naviguons d'un personnage à l'autre, et très vite, vous vous rendez compte qu'il y en a beaucoup, vraiment beaucoup. Cela peut-être déroutant, parfois, et j'ai regretté, arrivée page 150, de ne pas avoir eu la bonne idée de prendre une ou deux notes, par-ci par là, pour arriver à les distinguer les uns des autres !
Comme le rappelait ma collègue, lors d'une discussion, la semaine dernière, sur les autres romans de l'auteur, Rowling avait, dans son écriture, du talent dans la critique acerbe de la famille des Dursley. Ces remarques que nous pouvions croiser fréquemment étaient fines, et efficaces !
C'est le cas, de nouveau, dans ce roman où elle n'épargne personne. Pas la peine de chercher, il n'y a pas de maison, de quartier, où il fat bon vivre, par rapport à d'autres que l'on estime d'instinct malfamés. Tout le monde en prend pour son grade, et parfois, c'est vraiment risible.
Le fameux effet turn-over m'a pris dans ma lecture. Le temps passait et j'en oubliais d'aller bosser (gloups !). A peine rentrée, le livre revenait entre mes mains, que je me démaquille ou que je fasse la cuisine. Il faut reconnaître que cela peut être parfois sportif ! Même me coucher tard sans lire m'était impossible :
En résumé, je retiens de ce roman une critique efficace, des moeurs dans une petite bourgade comme Pagford, de ces querelles de clochers et cancans qui peuvent ruiner la réputation de l'un, ou les ambitions de l'autre. Les a priori sont mis à mal, n'est pas le plus méchant celui que l'on croit, ou au contraire, toujours se méfier de l'eau qui dort. Chacun a ses secrets quoi qu'on en dise, telle serait la phrase à retenir à la lecture de ce roman.
Si je ne peu dire que ce livre est un chef-d'oeuvre, je ne nierai en aucun cas avoir passé un bon moment avec la dernière création de Rowling, qui a eu le mérite de s'essayer à quelque chose de différent, ce qui ne peut être facile quand on a une renommée comme la sienne, avec une saga lue dans le monde entier.
Ai-je un personnage préféré dans ce roman ? Je ne pense pas pouvoir en nommer un. Dans le fond, il y a toujours quelque chose que l'on n'aime pas chez l'un ou l'autre, entre le passif et l'agressif, le torturé et celui trop imbu de lui-même...
Les mauvais côtés de l'Homme semblent répertoriés dans cette histoire, décortiqués entre les divers personnages.
A noter dans le récit, un passage éblouissant, où le conseil paroissial vire au scandale, avec une grosse crise de nerfs. Même en tant que journaliste, je n'ai encore jamais vu cela, et je pense que ça me plairait de suivr ce genre d'évènement, au moins une fois dans ma carrière !
De nombreux avis ont circulé sur la Toile. Pour ceux qui hésitent encore, je ne dis qu'une chose : tentez-le !
Extrait :
"Et vous, [...], vous savez combien de millions vous coûtez aux services de santé publique, vous, Howard Hollisson, parce que vous êtes incapable d'arrêter de vous empiffrer du matin au soir ?"
Ce roman s'inscrit dans le cadre du challenge anglais, celui des voisins-voisines, mais aussi dans celui concernant la rentrée littéraire.