Le hasard de l’opération
Masse Critique chez Babelio, m’a permis de recevoir ce court roman de Samar Yazbek, auteur syrienne dont je ne connaissais pas encore l’existence. Je peux avouer, tout simplement, que cette
lecture m’a permis de faire, pour la première fois, un voyage en Orient.
Le roman nous parle de deux femmes Hanan al-Hachimi, et Alya. La première est une femme mariée, vivant dans une riche demeure en périphérie de Damas. La seconde est une très jeune femme, travaillant pour Hanan, en tant que servante le jour, et maîtresse la nuit.
L’histoire débute par un choc. Alors qu’elle se lève suite à un mauvais rêve, Hanan surprend Alya dans la chambre de son époux : « le crocodile ». Révoltée, déçus, elle renvoie son amante, avant de s’enfermer dans sa propre chambre. Le remords la prend, la tenaille, alors qu’elle entend la grille, devant sa demeure, se refermer derrière Alya, qui part, chargée d’une grosse valise, pour retrouver son ancienne vie, dans les bidonvilles de Damas.
Quand je devais faire mes choix sur la liste des titres disponibles, celui-ci m’avait attiré pour son originalité, et son rapport à la femme, dans un monde que je ne connais pas. Imaginer des rapports lesbiens en Syrie, avec deux femmes issues de milieux différents, pour réaliser cette histoire, ce n’est pas anodin. D’après la courte biographie de l’auteur, née en 1970, elle est actuellement réfugiée en France, avec sa fille, depuis l’été 2011, animant un blog très actif, en soutien à la révolution dans son pays.
En écrivant ce roman, Samar Yazbek nous permet de découvrir deux mondes dans un seul, lui-même auréolé de mystères. De cette scène du quotidien, le lecteur voit défiler les chapitres, alternant d’une femme à l’autre, entre celle qui regrette sa décision, seule dans sa chambre, et celle qui reprend le chemin du passé, et qui se fait assaillir par les souvenirs d’une enfance dans un ghetto, à la merci d’un père violent, soumise au quotidien dans la rue.
Quel est donc ce parfum de cannelle, mis en avant dans le titre ? Un parfum de volupté, de sensualité et d’éveil des sens… d’amour ? C’est un peu un mystère. Beaucoup de sentiments passent par cette centaine de pages. C’est un roman riche en sensations, en informations.
Nous y découvrons la place de la femme dans la société syrienne. Comment elle est mariée, comment elle se comporte face à ses consœurs, sa place dans une famille, le travail des enfants pour aider à la survie de la famille…
C’est un roman qui m’a troublé, par ses extraits de vie tellement dramatiques, par sa violence tellement banalisée, parfois.
Je remercie Babelio, ainsi que Buchet Chastel, pour m’avoir permis de ressentir tellement de sensations à la lecture de ce petit roman, que je recommande.
Cette lecture permet de lancer ma participation au challenge Petit bac, d'Enna, dans la catégorie "Aliment-boisson" (il faudrait aussi que je vérifie quels titres lus depuis le début d'année peuvent entre dans ce challenge...)