Il y a peu, j’apprenais dans un billet écrit
par George que Le Livre de Poche publiait Sanditon, de Jane Austen. A la lecture de cette nouvelle, je me disais : « Comment ? Il y avait donc encore un
titre qui n’était pas paru ? »
Oui, je sais, je suis une inculte ! Et toutes les Austéniennes crient au scandale à 3 : 1, 2 et 3 !
Bref, passons ! Très vite, j’apprenais que ce roman était un texte inachevé de l’auteur, qui est morte avant de mettre un terme à ce récit. Mais une passionnée de Jane Austen décida d’écrire le mot Fin à cette histoire, et de reprendre la narration, suite aux onze premiers chapitres rédigés par la romancière, entre le 27 janvier et le 18 mars 1817. Pour réaliser cette prouesse, l’auteur contemporain analyse le contenu des autres romans de Jane Austen, repère les similitudes, la trame des différents récits, se fie aux notes de la Britannique, et, au final, développe et termine ce roman, de façon à être au plus proche de ses histoires.
C’est une période où la bonne société anglaise trouve des bienfaits dans les vacances en cité balnéaires. Ils envahissent petit à petit les côtes anglaises, font dresser des villas et découvrent l’air vivifiant de la mer.
Parmi eux, les Parker se lancent dans une folle aventure : faire de Sanditon une nouvelle station balnéaire, qui ne peut être que très prisée. Ils invitent la jeune Charlotte Heywood dans leur villa, suite à une rencontre fortuite avec la famille de cette dernière. Elle découvre un autre monde social, d’autres habitudes, loisirs et centres d’intérêt, et observe d’un œil avisé cette société dorée, mais aux us et coutumes particuliers. Commérages, discours de malades imaginaires, séduction, jeu de classe…
Très vite j’ai trouvé en Charlotte des similitudes avec Elisabeth, d’Orgueil et préjugés, qui se moque de cette bonne société, tout en ne cessant de la regarder. Elle rencontre le frère de Mr Parker, Sydney, insolent, séduisant et beau parleur, qui rit des habitudes de son monde et charme tout son monde sans le moindre mal.
Clairement, tous les ingrédients d’une belle histoire de Jane Austen se mettent progressivement en place, pour créer une ville balnéaire qui semble avoir bien du mal à décoller, mais dont le charme ne fait qu’embellir le décor de fond de cette histoire savoureuse.
Un livre de Jane Austen se déguste, se goûte avec parcimonie et invite, malgré tout, à en faire une vraie gourmandise à dévorer jusqu’à la dernière miette. Ce roman est mon troisième lu, dans la bibliographie de l’auteur. J’en ai autant qui m’attendent, mais je ne peux me résoudre à épuiser cette source de magnifiques récits. Aussi, lisant avec parcimonie, je constate que ce dernier roman est une nouvelle fois le témoin d’un génie littéraire, mais aussi du travail exemplaire de cette seconde femme, demeurée anonyme, qui a su retranscrire avec beaucoup de justesse la suite de cette histoire. Au fil des pages, après le chapitre 11, je me disais qu’elle ne devait pas être si loin de ce que Jane Asten herself espérait créer autour de ces différents personnages.
Sydney m’a autant séduite que toutes ces autres femmes gravitant autour de lui, et qu’il manipule à souhait, sans machiavélisme, pour obtenir ce qu’il souhaite, en temps voulu.
Certains personnages sont agaçant, mais cet effet est recherché, et réussi ! Charlotte n’est, néanmoins, pas l’héroïne de Jane Austen que je préfère.
Au final, une lecture qui n’en est pas moins savoureuse, divertissante à souhait, et addictive. Désormais je regarde les autres romans de cette femme extraordinaire, et je n’ai qu’une envie, faire fi des services presse, des livres pour le jury des lecteurs, pour m’enfermer plus longtemps dans cet univers si singulier. Jane Austen était décidément un génie !
Merci George, pour avoir signalé cette sortie, et merci au Livre de Poche, qui m'a permis de passer un agréable moment de lecture, en rééditant cette pépite !