...Oui vous ne rêvez pas, j'ai eu l'occasion d'assister à la rencontre d'auteur la plus incroyable depuis que je pars assister à des séances de dédicaces.
Pour vous présenter rapidement ma journée, elle était jusqu'à 18 heures, une des plus mauvaises de ma semaine. Mais j'avais une lueur, une lumière qui m'attendait, au sein de ma librairie rouennaise : la venue de Carole Martinez pour la dédicace de son dernier roman Du domaine des Murmures.
Vous vous rappelez peut-être combien j'avais aimé son premier roman Le coeur cousu, mélange de conte et de roman historique qui m'avait embarqué dans les terres chaudes de l'Espagne, dans une écriture magnifique que j'avais envie de partager à plusieurs reprises.
Assise au premier rang, je l'aperçois, discutant autour d'une table. Et voilà, ça y est, je vais rencontrer cette auteur qui, il y a quelques mois, me faisait rater mes stations de bus alors que je plongeais avec avidité dans son roman. Enfin, elle arrive devant nous.
J'ai découvert une femme d'une grande simplicité, exaltée aussi, toujours prête à raconter mille anecdotes sur son travail d'écriture, sur ce nouveau récit qu'elle offre à ses lecteurs. Je dois reconnaître que la lecture de la quatrième de couverture m'avait fait un peu peur à la sortie du roman. Le personnage principale : Esclarmonde ! L'époque : le 12 e siècle !!! Comme la plupart des personnes présentes ce jour, une histoire tournant autour d'une femme recluse dans une tour, ça laisse le doute apparaître. Mais ce roman, c'est Carole Martinez ! Et il fallait que je vois le récit, que je lise cette nouvelle aventure.
Puis Carole Martinez a terminé de me convaincre en parlant de son livre. Si certains auteurs parlent avec un soupçon de lassitude ou d'indifférence à propos de leur ouvrage, ce n'est pas du tout le cas pour cette femme pétillante. Difficile alors de se rendre compte qu'elle enchaîne les dédicaces, les rencontres... c'était comme si elle retrouvait ses lecteurs depuis peu de temps...
" Il m'a fallu sept ans pour écrire ce roman. Je voulais écrire autour des femmes de Barbe Bleue, les présenter en différents chapitres. Et puis j'ai lu Les dames du 12e siècle par Duby, et découvert les recluses, ces femmes de toutes conditions qui s'emmuraient volontairement pour prier. Il me fallait une recluse. Et petit à petit, elle prenait de la place, elle ne devait faire que trente pages de mon livre mais peu à peu, elle grignotait sur mon autre femme, une petite fille. Esclarmonde signifie "celle que éclaire le monde". C'est une femme qui prend la parole, qui dit "Non !" à ce mariage qu'on lui offre. A un moment, je me suis rendue compte que le livre serait déséquilibré, si je persistais à présenter ces différentes femmes. Je me suis donc focalisée sur ma recluse."
Par sa présentation de son dernier "bébé", l'auteur nous dévoilait également son travail de recherche, que je peux percevoir en me remémorant tous ces exposés à faire durant ma Licence d'Histoire. Et Carole Martinez ne peut rougir de ses connaissances. Un travail monstrueux a été fait pour mener à bien l'écriture de ce roman, au plus près de la réalité historique : lectures autour de l'historien Duby, des textes de l'époque (Chrétien de Troyes, Lais de Marie de France...), recherche autour des femmes mystiques de l'époque, du pouvoir de la femme. Tout cela en passant du roman historique au conte, dans un décor de Franche-Comté envahie par la forêt :
" J'écrivais Du domaine des murmures au moment où je faisais des rencontres autour du Coeur cousu, tout le monde me disait que ce dernier était solaire. J'avais peur de la réaction autour de mon nouveau. C'est sombre, à la place du soleil et du désert, c'est la forêt, une femme emmurée, un décor de conte ! J'ai construit mon château en cherchant à être la plus crédible, que mon château traverse les âges, je me suis renseignée sur les carrières d'où étaient extraites les pierres, et de quel type de pierre il s'agissait...!"
(et une petite lecture par Carole Martinez)
Les anecdotes s'enchaînent, la discussion autour du roman se prolonge, en mangeant sur le temps destiné à la dédicace. Mais ce n'est pas grave, d'autres trains partent plus tard pour Paris, et l'écrivain veut encore passer du temps avec ses lecteurs... Tous ces petits détails qui font ce roman m'attire désormais tel un aimant...
Je me dis même qu'il est impensable de ne pas avoir encore lu ce livre, dont elle parle avec un enthousiasme si beau à voir...
Après plus d'une heure de discussion, Carole Martinez redescend pour signer ses livres que chacun semble serrer un peu plus contre soi... Et je susi encore impressionnée, chacune de ces dédicaces est personnalisée en fonction de ce que le lecteur dit à l'écrivain. De l'inspiration même dans les signatures ! et un nouvel échange, plus personnel, qui m'attend devant une table envahie de ses écrits. A propos de son prix Goncourt des lycéens et de sa sélection au prix Goncourt :
"J'ai été soulagé de voir que ce n'était pas moi qui avait le Goncourt. C'est une pression énorme sur les épaules, et je n'aurais pas pu être sélectionnée ensuite pour le Goncourt des lycéens. Je suis très contente d'avoir eu ce prix."
J'ai retrouvé chez Carole Martinez un auteur à l'écoute de ses lecteurs, une denrée rare pour les amoureux de la lecture. Une personne qui suit également de près la blogosphère, et des blogueuses comme Aiphelle, que j'ai rencontré à l'occasion. Et surtout, surtout, une verve si impressionnante et généreuse quand elle parle de ce qu'elle fait, de ce qu'elle écrit, ce qu'elle prévoit pour la suite également... Je suis ressortie de la librairie plus de deux heures après le début de cette rencontre, les yeux pétillants et un sourire grand comme ça, accroché à mes lèvres...
Sans aucun doute, cette rencontre est la plus belle, depuis un peu plus d'un an de quête de signature d'auteurs... Par ce biais, je lui dis encore une fois, un grand merci !
Ah et oui sans oublier...la photo souvenir !
et la dédicace !
Rouen, le 24 / 11 / 2011
A Valentine,
J'espère que ce roman vous fera à son tour manquer les stations de bus.C'est le plus beau compliment que l'on puisse faire à un auteur,
De tout coeur,
Carole Martinez