Hier matin, en trainant sur internet, je tombe sur des articles de presse à propos du grand prix de l'Académie Française, remis à Joël Dicker pour ce roman : La vérité sur l'affaire Harry Québert. Dire que j'ai aimé ce livre est un mot faible. J'ai adoré, dévoré ce roman de 670 pages !
Et là je vois qu'il se fait descendre, démonter, le journaliste, qu je ne préfère même pas nommer tant il m'est apparu arrogant, traite l'auteur de "Nanar", s'arrache les cheveux en sous-entendant qu'un prix de cette envergure ne devrait être donné qu'à de la "grande" littérature.
Cette lecture m'a énervée, car elle reprend des discussions déjà présentes sur la toile depuis quelques temps, à propos du terme "grand roman". Qu'est-ce qu'un grand roman ? Faut-il naître avec la plume d'un Flaubert du XXIe siècle, écrire des descriptions ampoulées à la Hugo ou Proust, pour être qualifié de grand auteur ?
Je n'aime pas lire du Marc Lévy, Foenkinos m'agace, et je ne ressens aucune attirance pour les romans de type Harlequin. Mais bordel, y a-t-il donc des critères "d'embauche" pour se prétendre lecteur ?
L'important dans le livre n'est-il pas de permettre à n'importe qui de l'avoir un jour entre les mains, et de se plonger dans un autre univers, s'évader loin du monde réel pour vivre une fiction, romanesque, de science-fiction, aux côtés de trolls ou de médecins ?
A chaque fois que je prends le bus ou le métro (même si c'est plus rare maintenant !), j'aime voir des personnes lire en attendant d'arriver à destination, se déconnecter de ces cellules étouffantes et bruyantes, en survolant quelques pages. Et n'est-ce pas une victoire de voir une personne lisant peu se plonger dans un ouvrage ?
Mais maintenant, il serait question de savoir lire et récompenser des "grandes" lectures.
Qu'est-ce qui est reproché à Dicker aujourd'hui ? De dépeindre une ville américaine, et d'en être récompensé. D'être un jeune Suisse de 27 ans seulement, qui aurait une écriture imparfaite. Certes, peut-être certains dialogues ne sont pas aussi lyriques que d'autres écrits du XIXe siècle, et pourraient alors paraître comme maladroit.
Mais qui sommes-nous pour reprocher ces erreurs, alors que ce jeune écrivain a sorti un nouveau succès de librairie. Je préfère voir primé des mecs comme lui, qui savent me faire voyager, plutôt que d'autres qui m'ennuient en lisant simplement la 4e de couverture.
Joël Dicker signe un roman qui emporte ses lecteurs dans un thriller fort (le reproche est également fait sur la notion de thriller !). L'effet de turn-over est là, mais doit-on le lui reprocher ?
Bref, il y a de quoi s'interroger sur les critiques littéraires que tant de personnes suivent assidument. Surtout quand l'auteur de cet article précise, qu'il n'a même pas lu le roman jusqu'au bout. C'est un peu comme juger un film en fonction de la capacité du réalisateur de faire des travellings. Qu'est-ce qu'on s'en fout !!!
Livres, films, musiques, pour moi, le principal est que, l'un comme l'autre, chacun me fasse voyager ailleurs, ressentir cette déconnexion de ce qui m'entoure, pour déambuler dans un autre univers, pendant quelques heures.
Je dis bravo à Dicker, pour avoir atteint cet objectif, pour ce prix, et je continue de ne me fier qu'à un seul jugement, pour savoir s'il faut lire ou non tel ou tel livre : celui des lecteurs que l'on croise en librairie !