... Retour à des romans courts avec ce récit de 176 pages, sélectionné pour le prix des lecteurs de l'Armitière.
Quatrième de couverture :
"J'ai pris le volant un jour d'été, à treize heures trente."
On ne sait pas grand-chose des raisons qui poussent le narrateur à quitter Paris et à rouler en direction de Marseille, ville qui s'est imposée à lui comme un mot plus que comme une destination. Le seul besoin de fuir ? Ce serait trop simple. N'a-t-il pas plutôt l'intuition que c'est justement en s'en remettant au hasard que la vie peut enfin apporter du neuf ?
"La géographie n'a jamais été mon fort", apprendrons-nous plus loin. Avec ce road novel d'un genre très particulier, Christian Oster signe l'un de ses romans les plus forts.
J'ai tourné la dernière page de ce roman il y a quelques instants, et je ne sais encore qu'en dire. Son écriture, tout d'abord, me laisse un goût étrange en bouche. Pas de dialogue, que du "dit-il", "elle répond", "demandais-je"... Pourquoi faire simple quand on peut faire plus compliqué.
Ensuite il y a le narrateur. Personnage central du roman, celui-ci prend la route, nous ne savons pas, nous lecteurs, pourquoi, dans quel but, quel âge il a ni comment s'appelle-t-il...Au bout de cinquante pagesil faut se rendre bien compte qu'aucune de ces questions n'a encore de réponse.
Le récit file comme le personnage dans sa voiture. D'abord à une vitesse folle. Dans la première ligne il est à Paris, la 8e, il est perdu dans le Massif Central ! Cet homme fuit, sans aucun doute. Il part frénétiquement en direction du Sud, avec Marseille dans sa mirette...Pourquoi Marseille ? Il y a la mer au bout, et une limite naturelle !
" Toujours cette idée du Sud, donc, je pensais à Marseille, à Nice, ne vile avec la mer, avec la mer comme limite, parce qu'en même temps je commençais à penser à une limite, je ne me voyais pas rouler indéfiniment". p.10
" J'avais peur d'arriver à Marseille ou dans quelque ville que ce fût avec la mer devant. Le problème se compliquait du fait que j'en avais assez de conduire. J'avais cru en partant qu'au contraire ça me conviendrait parfaitement, que je roulerais comme on le voit faire dans les films, sans fatigue, ni sans ce mal de reins qui m'indisposait." p. 35
Il est un solitaire, et ne supporte pas l'intrusion de qui que ce soit dans cette fuite. Un homme à la terrasse d'un café, des auto-stoppeurs qu'il regrette d'avoir pris à la seconde où il dit "oui", un couple ...
Mais petit à petit, ce rythme ralentit, au fur et à mesure que l'homme approche de sa destination. Les rencontres se prolongent, les échanges ne sont peut-être pas très fournis, mais le personnage demeure plus longtemps avec les inconnus croisant son chemin...
Mais qu'est-ce donc que ce mal qui le pousse à fuir ? Pourquoi tant vouloir échapper au contact de l'autre ?
Le personnage rencontre à Arles un ancien camarade de lycée : " Pourtant j'avais, j'étais bien obligé de l'admettre, toutes les raisons de lui en vouloir, il effaçait la ville, les gens, il ressurgissait de façon obscène, avec tout ce passé sur la figure. Or je voulais être seul, avec du temps devant moi et le moins possible derrière." p.85
Il faut bien le reconnaître, ce personnage central ne m'a pas inspiré beaucoup de sympathie. Je croise une personne comme lui dans la rue, il m'indiffère et je passe mon chemin. De toute manière, pourquoi lui parler, il ne dit absolument rien, et se ferme comme une huître !
Bref, pourquoi donner la parole à une personne qui ne veut pas parler finalement ?
Je reste finalement indifférente au récit, ma première lecture d'Oster n'est pas une réussite malgré son écriture confirmé par 14 titres au compteur déjà. J'ai vu quelque part que soit on aime l'écriture d'Oster, soit on n'aime pas, sans juste milieu...
Cette lecture est ma 5e dans le cadre du jury de lecture de la librairie l'Armitière, en attendant de quoi la 6e sera faite...
Note : 4 / 10
C'est également un ivre de plus entrant dans le cadre du challenge 1% de la rentrée littéraire 2011.
9 / 7