Cette lecture a été pour moi l'occasion de faire une nouvelle découverte littéraire, par le biais de Babelio.
Quelques jours avant le démarrage de la nouvelle rentrée littéraire de janvier, je traînais dans ma librairie et mon oreille trainait. Les libraires préparaient leur café littéraire, pour présenter aux inscrits leurs coups de coeur de cette rentrée. L'un d'eux demande alors d'ajouter dans la liste de livres à présenter ce roman, qui n'est pas une nouveauté, mais une réédition d'un écrit tombé dans l'oubli.
Quatrième de couverture :
Dans le Paris de la fin du XIXe siècle, le peintre Claude Zoret vit entouré d'admirateurs. Au centre de ce cercle se tient le jeune Tchèque Mikaël. Il est son modèle, son protégé, son fils adoptif. Le maître le domine mais ne peut se passer de lui. L'apparition dnas leur vie de la princesse Zamikof, dont Zoret accepte de faire le portrait, crée un triangle amoureux. Mikaël tombe amoureux, Mikaël s'émancipe, Mikaël s'apprête à trahir celui auquel il doit tout.
Claude Monet voyait en Herman Bang le premier auteur impressionniste. Par touches subtiles et glaçantes, celui-ci dépeint un artiste aux prises avec la créature qui lui échappe, et le milieu mondain où ils évoluent.
Peut-être qu'Herman Bang est autant inconnu pour vous que pour moi, avant la lecture de ce roman. Je reprend donc mon livre, afin de vous délivrer sa petite histoire :
Herman Bang (1857-1912) est l'une des figures les plus fascinantes des lettres danoises. Dramaturge, journaliste et critique, ce fils de pasteur fit paraître en 1880 Famille sans espoir, roman qui lui valut un procès pour atteinte aux bonnes moeurs et qui inaugura un quart de siècle d'activité littéraire intense. Son oeuvre a suscité l'admiration de maints artistes européens, de Klaus Mann àRobert Musil. Mikaël a été porté à l'écran par Carl Theodor Dreyer.
Pour plus de détails, vous pouvez feuilleter les premières pages du livre, qui prennent un peu de temps autour de l'auteur, de son succès à l'époque, avant de sombrer dans l'ignorance. Difficile alors d'assumer cette homosexualité qui devient la ligne directrice, mais camouflée de ce roman...quoique le terme de triangle amoureux donne déjà un aperçu dans la relation entre le Maître et Mikaël.
Le roman se divise en 5 temps, 5 moments moteurs dans le déroulement de la relation entre les deux hommes. Mikaël est l'éternelle ombre du Maître, celui qui approuve en silence, mais qui ne dissimule pas son admiration pour celui qui le protège, qui le peint.
Mikaël est également un modèle, dont le corps est exposé à la vue de tous par les toiles ressortant du travail de l'artiste peintre. Enfermé dans sa bulle, Mikaël est passif dans un monde de l'art, survolté, amoureux, désiré ou envié. Si la gloire plaît toujours, qu'en est-il de l'amour entre deux hommes ?
Qu'en pensent vraiment ceux qui visitent régulièrement les deux hommes ? S'ils s'étonnent de l'absence de l'un ou de l'autre, connaissent-ils vraiment le "contenu" de cette relation ?
Et puis la princesse Zamikof arrive. Son charme rompt l'équilibre et met en péril bien des choses dans ce petit monde survolté, mais aussi routinier...
Ce livre se lit très vite. Si je lisais une demi-heure, j'étais surprise de voir la vitesse à laquelle je l'avançais.
De cette lecture, je ne saurais en exprimer clairement mon ressenti. Je note une belle écriture, où les jeux de regard et les silences sont aussi parlant qu'à l'écran. L'écriture d'Herman Bang était très visuelle. Les tremblements, dans la voix, l'ami qui se détourne pour cacher une larme... En lisant ce livre, j'étais à côté du Maître, attablé seul parce que Mikaël a décidé de ne plus venir, mentant sur ses destinations afin de mieux retrouver chez lui la princesse...
Globalement cette lecture a été un plaisir, un voyage dans le Paris des années 1900, le Paris des artistes, de la révolution de l'art, de ces bourgeois voulant s'afficher aux côtés de grands artistes (ou inversement !)
Une lecture originale donc, qui m'a permis de découvrir un classique oublié...Je l'ai fini il y a un peu plus d'une semaine, il sera donc mon classique de février, ainsi que ma première découverte de la littérature danoise, pour le challenge Voisins-Voisines, un roman adapté au cinéma, pour le challenge de Will, un un prénom pour le petit Bac 2012 par Enna, et une première étape dans le défi "Scandinavie blanche".
Merci à Babelio et aux Editions Phebus de m'avoir permis de découvrir ce roman.