C'est un roman qui a déjà beaucoup fait parler de lui. Les billets élogieux ne manquent pas sur la toile, et il faut bien se l'avouer, quand on voit ce roman en livre voyageur, partant de chez une copine blogueuse, il n'y a qu'un pas à faire pour s'inscrire sur la liste d'attente. Ce que j'ai fait !
Encore une fois, c'est une auteur que j'ajoute dans ma liste des découvertes, et, je le dis de suite, que j'espère bien retrouver avec d'autres romans, tant celui-ci m'a transporté !
Tout démarre par une analyse de tableau. "L'Homme au
gant", que l'on attribue au peintre Titien, à une signature étrange, qui laisse à penser que deux mains y ont été apposées. De cette enquête contemporaine, l'auteur nous embarque dans un voyage à
Constantinople, en 1531, pour y retrouver Ellie jeune homme juif dont le père travaille pour un marchand d'esclaves. Ellie aime dessiner, imagine les personnes qu'il croise comme un nouveau
modèle à coucher sur une feuille. Mais dans sa religion, dessiner est interdit.
Ellie deviendra, en s'enfuyant en Italie, le Turquetto, élève de Titien et prodige de la peinture. Et si ce tableau de l'Homme au gant venait de lui ?
Metin Arditi dresse ainsi le portrait de cet artiste prodigieux, de sa vie camouflée, pour assouvir ses désirs de peinture sans être rejeté de la société vénitienne, en raison de sa foi. C'est un livre qui ne se lit pas, il se dévore ! Les chapitres courts, écrits d'une plume remarquable, défilent à une vitesse folle. Je me suis sentie happée par cette Constantinople et cette Venise d'un autre temps, où la haute société est mise en parallèle avec les populations pauvres ou rejetées. C'est un pan de l'histoire que se dresse devant le lecteur, qui découvre la vie des Juifs de cette période de Renaissance. Les stigmates de la Peste Noire, sont encore très présentes dans les rapports entre les religions, la Réforme n'est pas très loin. A côté de la passion des arts, ce qui se rapproche du fanatisme religieux fait la loi de cette société vénitienne, pas aussi pure que ce que souhaiterait certains dévots.
Le Turquetto se dessine lui-même sous nos yeux. Ses coups de pinceaux, fins et délicats, sa recherche de la perfection, qui semble si naturelle dans son travail, nous enchante et nous emmène dans une grande galerie d'art. La lecture de ce roman nous apprend donc beaucoup de choses, en partant simplement d'une étude faite sue la signature d'une oeuvre italienne, exposée en France. Il y a de la documentation et de la recherche derrière ce récit, faisant de ce dernier un formidable morceau d'Histoire, romancé, et attrayant, pour sa façon de présenter cette société du XVIe siècle.
Chapeau l'artiste, merci Metin Arditi pour ce formidable voyage, véritable merveille de la littérature contemporaine. Inutile de dire que je le recommande chaleureusement, et qu'il est un coup de coeur !
Merci à Anne, qui avait fait son commentaire ici, et que vous pouvez retrouver à présent là, elle y présentait justement, ce jeudi, le dernier roman du même auteur, que j'ai également hâte de découvrir, son histoire tournant autour du monde de la musique, cette fois-ci. Manifestement Metin Arditi est un amateur de l'art, sous toutes ses formes !
Ce livre rentre dans la cadre du challenge Voisins-Voisines...d'Anne, justement, pour la Suisse !