...nouvelle lecture commune!
En résumé:
Dans un village du sud de l'Espagne, une lignée de femmes se transmet depuis la nuit des temps une boîte mystérieuse...Frasquita y découvre des fils et des aiguilles et s'initie à la couture. Elle sublime les chiffons, coud les êtres ensemble, reprise les hommes effilochés. Mais ce talent lui donne vite une réputation de magicienne, ou de sorcière. Jouée et perdue par son mari lors d'un combat de coqs, elle est condamnée à l'errance à travers une Andalousie que les révoltes paysannes mettent à feu et à sang. Elle traîne avec elle sa caravane d'enfants, eux aussi pourvus-ou accablés-de dons surnaturels.
Carole Martinez construit son roman en forme de conte: les scènes, cruelles ou cocasses, témoignent du bohneur d'imaginer. Le merveilleux ici n'est jamais forcé: il s'inscrit naturellement dans le cycle de la vie.
La première fois que j'ai vu ce roman référencé, c'était dans un magazine, le présentant comme un des derniers indispensables à lire. Mais, comme chaque lecteur le sait, il est difficile de se fixer un roman à acheter à notre entrée en librairie, et bien souvent nous repartons avec un autre que celui prévu.
Toujours est-il, que ce fut une véritable aubaine de le voir proposé en lecture commune chez Anne, qui est une véritable source d'informations et une mine d'or en matière d'idées de lecture. Prévue initialement le 15 de ce mois, cette lecture a été retardée jusqu'à aujourd'hui, et j'avoue que c'était ce qu'il y a avait de mieux, car quitter et parler de ce roman n'est pas une mince affaire.
Au fil des pages, je voulais constamment en savoir plus, mais aussi savourer ces moments racontés avec une grande finesse.
Car c'est un premier roman très bien écrit. Carole Martinez nous emmène dans cette Espagne qui fait rêver plus d'un touriste, mais en brossant le portrait d'une femme d'un autre temps, Frasquita, pauvre et un peu magicienne, mettant de la couleur à ces vies de misère où le mariage arrangé est roi.
Une boîte mystérieuse est léguée une nuit par sa mère. Après différentes épreuves, celle qui est encore une jeune fille attend la fin des neuf mois prescrits pour ouvrir cette boîte, dans laquelle son destin se présente. Frasquita gagne un don dans l'art de la couture, le développe et en fait commérer plus d'un sur ses prétendus pouvoirs de sorcière. Elle épouse un homme, José Carasco, distant qui ne prête guère attention à elle, si ce n'est pour lui faire des enfants de temps à autre, devenant ainsi le père de gamins possédant également certains dons voire étrangetés. La couturière sera jouée par son mari-très galant- lors d'un troisième combat de coq, et doit d'offrir à un homme totalement obsédée par elle.
De toute cette période où la fille devient femme, puis mère, jusqu'au moment où le vainqueur du combat couche avec elle, Carole Martinez en fait la première partie de son roman.
Dans la deuxième, Frasquita et ses enfants partent à travers le sol aride de l'Andalousie, croisant les pas de révoltés voulant se libérer du joug militaire, et assiste à une révolution sanglante dans laquelle les dons de ses enfants gagnent en intensité.
Un troisième temps suit le périple de cette famille, mais je n'en révèle pas plus pout tout ceux qui veulent se lancer dans la découverte de ce roman, lui-même magique, envoûtant, et un peu déboussolant ...parfois.
Car Carole Martinez y dévoile aussi ce que peut être l'attrait des hommes pour le mal et la souffrance, et certaines scènes sont effrayantes par leur violence, physique ou morale...bon, en plus je ne suis pas féministe mais quand même, le mari qui joue sa femme comme un vulgaire sac de farine, dans un combat de coqs, ça me fait haïr le personnage (il faut dire qu'il ne cherche pas du tout à ce que le lecteur l'apprécie...).
Et l'histoire des enfants...
Si un problème doit être relevé sur la lecture de cet ouvrage, c'est qu'il est très difficile d'en parler sans craindre de trop en dire...car il donne envie d'en parler, de donner son opinion sur tel ou tel évènement, jusqu'à la dernière page, mais bien sûr ça ne se fait pas...
En somme, une lecture qui nous envoie très loin, là où le soleil fait rayonner une petite fille, où les fantômes en croise une autre, et où les dessins s'animent sous la craie d'un enfant...
Pour tous ceux qui n'ontpas encore eu la chance de découvrir ce roman, prenez le, installez vous confortablement, et partez en voyage à travers l'Andalousie...et prenez garde en reprisant un bouton de ne pas y coudre une ombre avec lui...
Pour connaître d'autres opinions sur cet ouvrage adressez vous à mes collègues de lecture Anne et Anne.
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