Pour les cinéphiles, cet ouvrage est avant tout la source d'inspiration menant à la réalisation d'un grand classique "Out of Africa", avec Meryl Streep et Robert Redford (soupirs !).
Pour les littéraires, "La Ferme africaine"
est une référence dans le monde du livre, un des plus beaux exemples de la littérature des pays nordiques. Ecrit d'une main de maître par la Danoise Karen Blixen, ce livre est plus qu'un
roman...bien plus !
En 1914, l'auteur part pour le Kenya, et s'installe dans sa ferme, pas très loin de Nairobi. Sous sa responsabilité, des plantations de café, des troupeaux de bovins, mais aussi des ouvriers et leurs familles, de la tribu des Kikuyus.
"La Ferme africaine" est avant tout un recueil de souvenirs, de témoignages sur la vie d'une Européenne au Kenya, son quotidien de propriétaire terrienne, mais pas que.
Au fil du récit, nous constatons en effet que la dame apprend également à connaître cet univers à la fois inconnu et hostile. C'est la compréhension avec les Kikuyus, l'écart entre les deux cultures à résorber, mais comment faire quand on s'impose à une population qui a toujours vécu sur ces terres ?
En toute honnêteté, j'ai aimé ce roman pour la qualité de son écriture, la beuté des décors, de la faune et de la flore, ces paysages de montagnes africaines, ces grands espaces déserts à cheval, en voiture ou en avion, je cherchais à les visualiser, et le voyage était incroyable.
En lisant Karen Blixen, le lecteur découvre aussi une facette de cette Afrique que l'on connaît toujours très mal, tout du moins en ce qui me concerne !
De son oeil d'étrangère, Karen Blixen découvre les us et coutumes des tribus environnantes, leurs relations, mais aussi leurs vie en communauté, et leurs interprétations différentes des siennes, en ce qui concerne tel ou tel événement. Par cette lecture, le novice apprend et s'instruit;
Mais,malgré tout, ce regard d'occidentale m'effraie toujours un peu. Car, même si nous sommes au début du 20e siècle, l'auteur ne semble pas prendre conscience de l'intrusion de l'homme européen dans le quotidien des autochtones. Avec ces riches propriétaires terriens venus de France, du Danemark, d'Angleterre et d'ailleurs, les tribus locales deviennent des ouvriers, des personnes devant leur présence sur telle ou telle lopin de terre. Je perçois parfois des jugements sur la vie de ces gens. La soumission est omniprésente, sauf avec les Masais, qui demeurent quasiment indépendant. Je dis bien quasiment, car ils vivent dans une réserve !
Reste la question des safaris. En ce qui concerne ce point, je fais la grimace à l'évocation d'un lion chassé, d'un serval abattu au fusil. A mon sens, les Européens se sont permis des massacres d'animaux impardonnables.
Je recommande la lecture de ces mémoires pour une découverte d'un autre monde, d'une autre époque, d'une Afrique aux couleurs superbes. C'est un témoignage particulièrement riche qui, malgré quelques petites longueurs, a été une découverte formidable.
Cette lecture entre dans le cadre du challenge un "classique par mois". C'est également une nouvelle contribution au challenge la Littérature fait son cinéma, acte 2.