Cette rencontre entre "La couleur pourpre" et moi s'est faite par hasard.
A Noël, mon copain m'offrait un livre qui trône fièrement sur ma table de nuit (rouennaise), et que je feuillette régulièrement : "Les 1001 livres qu'il faut avoir lus dans sa vie"... En parcourant ce classement chronologique des romans à "absolument" découvrir dans ma vie de lectrice, mes yeux se sont arrêtés sur celui-ci : "La couleur pourpre". De suite, son sujet m'a intéressé : la ségrégation, le combat des femmes, et surtout des femmes noires pour faire valoir leurs droits...
Cette histoire tourne autour de deux soeurs,
Célie et Nettie. Nous suivons la narratrice, Célie, de ces quatorze ans jusqu'à une bonne quarantaine d'années. Entre journal intime et correspondance, ce roman épistolaire retrace la vie de
cette jeune fille, sans éducation scolaire, écrivant laborieusement ses pensées, mais aussi sa détresse. Son enfance est détruite dès 14 ans lorsqu'elle se fait violer par "le père"... Ce choc,
nous le découvrons dès les premières lignes du récit, autant dire que le ton est donné !
Jamais la petite Célie ne nomme "le père" dans sa correspondance avec Dieu, le seul à qui elle peut parler de ses souffrances...Célie aura deux enfants de cet inceste, enfants qui disparaîtront très vite. Elle pense alors qu'il les a tué quelque part. Si Célie parle mal et ne va plus à l'école, sa soeur Nettie, quant à elle, est comme un petit génie. Elle apprend, elle est aussi préservée de cet homme qui maltraite sa soeur.
Puis Célie est marié de force à Mr Jonhson, qu'elle ne peut appeler autrement que "Mr."...violent, infidèle et sans amour pour elle, il n'a d'yeux que pour la belle Nettie, qui s'enfuit peu de temps après le mariage de la maison familiale...
Les années s'égrènent au fil du récit. Célie n'a pas de nouvelles de sa soeur et la croit morte, "Mr." fait venir chez lui sa maîtresse de longue date, Shug, une chanteuse charismatique que Célie admire pour sa beauté...
Entre ces deux femmes se tissera progressivement un lien, une relation de plus en plus forte, qui fera évoluer progressivement l'héroïne de notre histoire.
J'avoue que sur les premières pages, l'atmosphère, si glauque, me faisait frémir et me laissait rétissante... Mais ceci ne veut pas dire que ce roman m'a désintéressé. Les choses évoluent doucement, mais suffisamment pour inciter à toujours aller plus loin, ne as lâcher le livre pour en apprendre plus...
L'écriture suit l'âge même de Célie, ce qui est formidable, car progressivement nous voyons cette adolescente devenir une adulte craintive, puis avec un peu plus de répondant.
Toute une pléiade de personnages s'aligne devant nos yeux. Ce sont des femmes à fort caractère, qui ne peuvent plus supporter de voir les hommes noirs traiter leurs femmes de manière aussi mauvaise que ce que les Blancs lur infligent déjà...Ces actes impardonnables, imbuvables ne sont pas le fait de Blancs contre des Noirs, mais bien interne à la communauté noire...uniquement elle...en ce qui concerne le quotidien de Célie, les Blancs ne tiennent que peu de place au coeur du récit. C'est du côté de Nettie que le comportement des Blancs vis-à-vis des Noirs, et des Africains, est plus visible, et condamnable.
Globalement, je ressors de ce récit un avis moyen, je dirais pas mal mais sans plus, un 3/5, car malgré tout, je n'ai pu m'attacher véritablement à l'un ou l'autre des personnages.
Je serai néanmoins intéressée par la version filmée de cet ouvrage, de 1985, qui me parlera peut-être plus. Steven Spielberg en est le réalisateur.
Par ailleurs, je tiens à préciser que l'auteur a reçu pour ce livre le prix Pulitzer 1983, ainsi que le National Book Award...
Un ouvrage de référence, un classique de la littérature américaine, à découvrir, malgré tout.