C'est un roman dont la quatrième de couverture
m'intriguait, dès sa sortie. Un homme à moitié infirme qui flâne dans les jardins du Luxembourg, où il met en scène à la fois les personnes vivants dans ou autour de ce parc, le Sénat, mais aussi
les personnages des lectures de sa jeunesse. Déambulant doucement dans les allées du jardin, le vieil homme discute avec la dame-pipi du jardin, les deux soeurs tenant le théâtre de marionnettes,
l'ancien bibliothécaire du Sénat, tout en croisant Jean Valjean et Cosette, Tarzan, les trois mousquetaires. Tous ces personnages défilent sous nos yeux. La réalité et l'imaginaire des livres se
mélangent. C'est un roman qui fait voyager dans le monde du livre !
Vassilis Alexakis est un auteur nouveau pour moi. Vous allez me dire : "C'est son quatorzième roman, il serait temps de se réveiller !" Tellement nouveau que j'ignorais même jusqu'à son existence. En débutant la lecture de ce roman, je me doutais que j'allais tomber dans un livre à part, assez singulier, différent de ce que j'ai pu avoir entre les mains jusque là.
Il y a de tout, bien au-delà du parcours d'un homme à béquilles. Il y a les souvenirs d'enfance, les blessures enfouies, réveillées par celles actuelles. Il y a un auteur qui dévoile de sa personne, car il est indéniable que le personnage principal n'est autre que lui (enfin je le pense !), les traces de la grande littérature, de l'histoire de ce jardin du Luxembourg, témoin de tant d'évènements historiques. Le lecteur croise tout cela, tout en retrouvant, de temps à autre des réflexions autour de la crise s'étant abattu depuis quelques années sur la Grèce, le pays natal de l'auteur, et la souffrance de sa population, qui voit les mesures d'austérité l'écraser de plus en plus.
Ce livre est ni trop lourd, ni trop léger, face à cette masse d'informations, et de sujets de réflexion. Peut-on véritablement dire qu'il s'agit ici d'un roman ? Je n'en suis pas sûre !
Pour le décrire, je penserai à un recueil de réflexions sur le travail de l'écrivain, sur son implication dans la rédaction de ces aventures, noircissant des pages et des pages de récit, où se promènent des personnages qui deviendront mythiques. Tant d'écrivains devenant ainsi les sujets d'études de cet écrivain, qui se remémore à peine le contenu de son premier roman : "Sandwich". Qui est connu comme un écrivain, mais qui semble vouloir effacer cette étiquette collée sur son front.
Ce livre est un petit bijou. Que l'on prend, que l'on repose pendant quelques temps, avant de le retrouver et de le finir d'une traite. Telle a été ma manière d'appréhender "L'Enfant grec", de Vassilis Alexakis, une petite merveille de cette rentrée littéraire 2012, dont je n'ai pas eu l'occasion, encore, de lire d'autres commentaires de blogueurs, ces dernières semaines. Il était dans la sélection du prix Goncourt des lycéens, il me semble.
Extrait : "Quelle que soit l'histoire qu'on raconte, je ne suis pas convaincu qu'elle présente plus d'intérêt que l'aventure de son élaboration même.Je sais bien que la plupart des grands auteurs n'interrompent jamais le cours de leur récit pour évoquer leurs états d'âme, ils se tiennent constamment cachés derrière un paravent. On ne voit que leurs chaussures. On a beau leur dire : "Je t'ai vu !", ils ne se dévoilent jamais. Ont-ils raison ? Je trouve que leurs oeuvres manquent de temps morts, de parenthèses. Ils parlent de tous les métiers sauf du seul qu'ils connaissent vraiment, le leur." P. 118
Respectant cette phrase, l'auteur revient lui même sur sa technique de construction d'un roman, parlant de sa gomme, de sa ramette de papier et de son crayon, l'auteur parle de sa façon d'écrire ses romans, ce roman, que je vous présente aujourd'hui, et que je vous recommande !