Il y a des romans qui nosu font hésiter, sans trop savoir pourquoi. Si parfois cette hésitation se justifie à l'avenir, d'autres occasion permettent d'oublier ce moment de doute, et de s'estimer heureux que des occasions comme le Jury de lecture de sa librairie permette la découverte d'un roman qui aurait pu nous échapper.
Ce furt le cas la semaine dernière avec Vers la mer, septième roman lu pour le jury, et qui n'a passé que très peu de temps chez moi.
Laure a dix-huit ans et elle part demain. En compagnie de sa mère qui lui a légué son goût pour la solitude, le silence et les voyages lointains ; puis enfin seule vers les rivages qui la font tant rêver.
De Paris à Nice, leur route s'étire au rythme capricieux d'une vieille voiture, d'étapes et de rencontres de hasard.
Au-delà du voyage et de ses mystères, se dévoilent le fil des souvenirs, les peurs et les désirs de ces femmes au moment fragile de la séparation.
Un roman intimiste et initiatique sur le voyage, la mémoire et l'oubli.
Anne-Sophie Stefanini est née en 1982. Elle est passionnée depuis son plus jeune âge par l'Afrique. Vers la mer est son premier roman.
En quelques 230 pages, la jeune écrivain parcourt différents thèmes dans ce récit,qui ne peu se réduire à une simple histoire de voyage. Il y a des livres qui, dès al première phrase, vous font penser qu'ils sont faits pour vous,qu'ils vont vous parler. C'est l'impressions que j'ai eu avec ce premier paragraphe :
"Que cherchent les jeunes filles qui s'attardent à la terrasse des cafés, solitaires et rêveuses ? Elles ont un livre à la main qu'elles ne lisent jamais ou alors la première ligne de la première page, encore et encore, puis elles entendent un rire, une ombre passe et leurs yeux se détournent, et la phrase se eprd. Mais elles ne restent jamais distraites trop longtemps ni trop sérieuses. Ce sont des vagues, le flux et le reflux du doute et de la certitude, et elles s'en vont".p. 13
Par cette description, Anne-Sophie Stefanini introduit le personnage de Laure, 18 ans, qui décide de rompre les ponts avec son copain, l'université, Paris, pour partir à l'aventure, comme les héroïnes de son enfance, dont elle a suivitles traces dans un livre qui ne la lâche jamais Le livre des voyageurs. Par cette envie d'ailleurs, Laure suit les traces de sa mère, Catherine, elle-même partie en Italie à ses dix-huit ans.
Que signifie cette envie d'ailleurs ? Une initiation ? Une fuite en avant ? Le voyage semble être une fin en soi, un point final placé sur le chapitre de la jeunesse et une ouverture vers une nouvelle vie :
" Elle s'était décidée quelques jours plus tôt, sans raison, avait-elle d'abord pensé, comme si la somme de lectureset de rêveries avait fini par produire le résultat voulu, un chiffre magique qui évoquait l'errance." p. 16
Face à l'enthousiasme de la fille, la mère, quant à elle, semble revoir les traces de son propre départ. Il y est question de sa propre mère, d'évènements ayant changé sa vie lors de son périple en Italie, ses rencontres... Alors que Laure décide de traverser la Méditerrannée pour retrouver les terres africaines décrites da&ns son livre, Catherine décide de retarder al séparation d'une bonne journée, en conduisant sa fille à travers la France, jusqu'à Nice, ville de son enfance. Mais, une ombre semble malgré tout s'insinuer dans ce voyage, un passé difficile à se remémorer, des cartons dans le coffre de la vieille voiture, laissé à cette endroit depuis la naissance de Laure, sans jamais les ouvrir.
" Elle tachait de se concentrer sur la route, les panneaux, ses voisins trop nombreux aux voitures plus puissantes, et de ne pas penser à ces objets du passé qui se rappelaient à elle avec leur musique funeste." p. 39
Et le père de la jeune femme, où est-il ? Saura-t-elle enfin qui est cet homme qu'elle n'a jamais connu ?
L'auteur gratte dans le passé des personnages, les fait évoluer au fur et à mesure que Nice arrive dans le champ de vision de ces deux femmes. Il est question de voyages, certes, mais aussi de l'enfermement, de la solitude, de la mémoire et de la quête d'une identité propre, se démarquer de la mère pour se construire soi-même...
" Laure se répéta pour elle cette histoire qui s'achevait par les mêmes mots qui, à présent, ne l'effrayaient plus : "Dans cette famille, nous finissons tous par disparaitre, c'est dans nos veines, c'est dans les tiennes aussi." Et sa mère ne s'était pas trompée: je pars pensa-t-elle et aussitôt l'impatience remplaça la peur". p. 73
" Il était pas facile d'être lâche encore, de faire comme si tout allait bien, de ne l'interroger ni sur ses larmes, ni sur son silence. Rien ne devait mettre en péril ce voyage." p. 74
Je ne pourrais vous en dire beaucoup plus sur ce roman, si l'on devine certaines choses, l'évolution du récit ainsi que la beauté de son écriture sont un plaisir à lire. Si une certaine longueur m'a fait un peu ralentir la cadence dans la soirée de vendredi, les 50 pages restantes ont vite été avalés le samedi matin. Cette longueur me semble malgré tout légitime,maisje ne préfère pas dire pourquoi ici, et laisser aux lecteurs la possibilité de découvrir eux-mêmes pourquoi...
Cette lecture intègre le tout nouveau challenge d'Anne, autour des premiers romans. Il complète par la même occasion ma découverte des sorties littéraires de la rentrée, et mon parcours autour de la sélection de la librairie l'Armitière, Rouen.
Note : 7 / 10
1 / 6
11 / 7