... T.C. Boyle retrace le parcours amoureux et tumultueux d'un architecte avant-gardiste, avec le roman Les femmes.
Franck Lloyd Wright, architecte de renommée internationale et au talent sans cesse novateur, est un peu une énigme pour les personnes tentant de cerner ce personnage hors du commun...
Parlons d'abord de l'approche de ce roman...Boyle nous fait plonger dans différentes époques. Dans un premier temps par son narrateur. Celui-ci est un Japonais (réel ou fictif?), Tadashi Sato, ayant participé à "l'école d'architecture" de Wright, ouverte dans les années 1930 dans sa demeure Taliesin, au fin fond du Wisconsin. Cette école est un prétexte pour se fournir en main d'oeuvre pour la tenue de la maison et de ses terrains attenants, tout en prodiguant de vague cours d'architecture moderne à des jeunes, avides de connaître les secrets et le prestige de l'architecte de renom...
Le narrateur est donc un admirateur de Wright, et tente, avec l'assistance de son traducteur O'Flaherty-San, de décoder le personnage de Wright (ou Writo-San), génie en permanence au bord du gouffre financier, arrogant, et homme à femmes.
La construction de ce roman suit donc ce principe : chacune des parties est présentée par des extraits de vie du narrateur autour de Taliesin, dans un ordre chronologique, faisant place ensuite à la vie de Wright, en présentant les femmes de sa vie, de la dernière à celle que nous avons déjà croisé à la lecture de Loving Franck, Mamah Borthwick ("la femme adultère").
Cette présentation est pour le moins originale, à peine déroutante, et permet finalement de dresser un tableau un peu plus précis de ce qu'a pu être la vie tumultueuse de cet architecte...mais saisit-on pour autant le personnage en tant que tel ? A vrai dire il me semble que sa personnalité est assez indéchiffrable...
En ce qui concerne les femmes, le portrait est clair, chacune de ses passions est débordante d'énergie, et est dotée d'un sacré tempérament. Il ne s'agit pas de femmes faibles, effacées, juste là pour satisfaire les désirs de Monsieur. Au contraire, chacune se distingue de l'autre. Autant vous le dire, la deuxième partie m'a été un peu pénible, ce qui explique un certain moment de relâchement dans ma lecture, tant justement la maîtresse et femme de Wright, Miriam, était exécrable !Brrr ! Elle me faisait bouillir...
Il faut néanmoins rappeler qu'il s'agit d'un roman, et non d'une biographie, ce qui fait que certaines choses doivent entrer dans le domaine de l'histoire romancée...et pourtant, il faut bien avouer que parfois, nous nous prenons au jeu de celui qui raconte la vie de...et les infos se lisent tels des ragots sur la vie de Wright, nous avançons nous voulons le connaître, comprendre ce qu'il faisait pour plaire tant à ces dames...comprendre aussi sa pensée architecturale. Il suffit de contempler un peu de ses constructions pour voir le génie
Ou encore, chose qui m'avait déjà effarée à la lecture du roman de Nancy Horan, cet acharnement médiatique autour de frasques amoureuses de Wright. Une question s'est souvent imposée à moi...à quoi rime ce tapage ? Etait-ce ça le journalisme? Détruire la vie de personnes en leur jetant l'opprobe de la population locale, mais aussi de tout un pays ?!
Est-ce que j'ai aimé ce livre ? Moui, assez, mais il ne m'a pas enthousiasmée comme Loving Franck, certes, d'un autre auteur, ne parlant que d'un point de l'histoire de Wright...mais au moins je j'ai lu d'une traite, sans cassure entre deux faisant que je me lassais...Pour moi le coup fatal a été la deuxième partie. Mais finalement c'est à cause du personnage de Miriam, pas à cause de l'auteur, qui lui dresse un récit bien écrit, régulier, passant d'un personnage à l'autre et ne semblant pas oublier...peut-être que finalement il en dit trop sur certains, notamment ce que je n'aime pas...
Je pense aussi que ma lecture a été légèrement parasitée par l'arrivée chez moi de plusieurs romans qu'il me tarde de lire, je suis une impatiente. Pour preuve, à peine j'avais fini de lire celui-ci, je fais quelques bricoles pendant dix minutes, et je m'installe pour lire le premier chapitre de Rien ne s'oppose à la nuit de de Vigan...et bien oui !
Donc voilà, sur mon Babelio je le note 3/5, car il manque à ma lecture cette pointe d'enthousiasme que j'aime ressentir, un livre ouvert à la main. Ce que j'aime dans ce roman, ce sont finalement la découverte d'informations sur l'architecte, et je ne veux qu'une chose...voir ses oeuvres architecturales, on apprendre plus encore sur son travail.
Ce livre était lu dans le cadre d'une lecture commune avec Zarline, Manu, Anne, Cynthia, Mylou, et Nina (Reading in the rain). Voyons voir ce qu'elles en pensent !
Ce roman est également à intégrer à mon challenge ABC de Babelio, le premier des 26 !