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Les blogs ont cela d'important qu'ils permettent parfois de découvrir de bons romans, sur lesquels nous n'aurions jamais jeté un regard, si nous étions totalement seuls. C'est le cas notamment avec ce roman de Frédérique Martin, que j'ai croisé sur la page de Mamzelle Mélo, cette dernière me proposant très vite de me l'envoyer, pour que je puisse le décovurir à mon tour.
Ce roman donne la parole à plusieurs jeunes d'une vingtaine d'années, et à leur voisin solitaire, pris dans des tourments enflammés.
Nous suivons quatre jeunes vivant en colocation : Claire, Juliette, Kader et Tisha, qui s'intègre au groupe après une arrivée tumultueuse à Toulouse. Tous les quatre ont leur part d'histoire, leur vie est différente, bousculée, perturbée par ce qui fait le quotidien de jeunes adultes : travail, amour, amitié, relations de voisinage, violences...
Ce roman n'est pas un portrait simpliste et mièvre de jeunes d'aujourd'hui, mais plutôt un texte sans concession qui montre tous les travers d'un monde, tous ces travers qui se dressent sur notre chemin pour mieux nous renverser.
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Encore une fois, cette lecture d'un titre de la rentrée littéraire prend également la forme d'une rencontre avec un auteur que je ne connaissais pas encore, même si j'ai déjà croisé certains de ses titres en librairie.
Là où Mamzelle Mélo parlait de noirceur,et de violence à l'état brut, il me semblait pouvoir trouver dans ce roman un texte sans fard, un texte qui comprenait enfin la vision qu'un jeune peut se faire sur le monde d'aujourd'hui et son quotidien.
A 28 ans, aujourd'hui, je trouve encore que certains auteurs ne font pas souvent la part des choses, et ont trop tendance à édulcorer la réalité pour qu'elle fasse un peu plus bonbon dans ses pages.
Ici, il en est rien. La violence des mots, des actes et de la solitude font aprtie intégrante du récit, dès les premiers mots :
Tu n'es qu'une pute, espèce de macaque, une salope descendue de l'arbre. Et moi je suis le messager de Dieu. File-moi ton 06, file-le moi !
Cette phrase est la "superbe" déclaration d'un homme camé à l'encontre de Tisha, dans un train les menant à Toulouse. Cet extrait rappelle ces récits d'agression dans les transports en commun, alors que personne ne s'interpose, ne fait taire l'individu, ne défend la jeune femme seule face à cette brute.
On retrouve également une jeunesse qui galère, Kader fait des études pour travailler dans le social, et fini manœuvre sur un chantier, Tisha cumule les services dans les bars, Claire fait des ménages, et Juliette s'accroche à son contrat, faute de mieux.
Mais, malgré tout, ces jeunes gens vivent, s'amusent et font en sorte d'être bien ensemble, avec pas grand-chose en poche, réfléchissant trop déjà, à leur âge, aux précautions à prendre pour tenir jusqu'à la fin du mois...
Et le drame de la solitude, qui se constate petit à petit avec monsieur Bréhel, l'homme étrange qui fait une fixation sur une de ses voisines, qui guette tout mouvement dans l'appartement d'à côté, comme pour se rassurer en se disant qu'il y a encore de la vie autour de lui.
Si le personnage de Tisha était difficilement supportable au démarrage, le quatuor de jeunes gens est, au fil des pages, attachant, et on veut savoir ce qui va se passer pour eux, comment les choses vont évoluer. Monsieur Bréhel devient quant à lui très vite insupportable. Son côté désespéré devient très vite désespérant.
Ce n'est pas une lecture qui se fait avec le sourire. Elle rappelle des moments difficiles des débuts de notre vie d'adulte, ou encore des faits divers sordides qui provoquent la colère. Tout cela, en s'infiltrant dans la pensée de chacun de ces personnages.
C'est aussi, à mes yeux, un vrai miroir de la société, telle que nous, les jeunes, la retrouvons en sortant de nos études : un monde où il faut mendier pour bosser, ou les difficultés du quotidien deviennent sources de violences pour certains... Jusqu'où ira-t-on ? Quand chacun sera de nouveau évalué à sa juste valeur ? La solidarité est-elle une légende ?
Loin d'être légère, cette lecture est une source de réflexion sur notre monde, notre société, et elle m'a rappelé des moments vécus ou observés, quelques années après la fac.
merci à Mamzelle Mélo pour cette belle découverte, sombre, mais efficace, et à Frédérique Martin pour ce texte que j'ai dévoré en quelques heures.
Le roman part désormais chez Eimelle, en espérant que cette lecture lui plaira également.