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Ça fait plus d’une semaine que j’ai fini ce roman, et je ne sais toujours pas comment en parler. Est-ce un bon signe ? Je ne sais pas…
Parmi les titres de la rentrée littéraire les plus courus, celui-ci n’a pas trainé à faire parler de lui. IL faut dire que Grégoire Delacourt, avec son premier roman « La Liste de mes envies », semble à chaque fois attendu au tournant.
Cependant, c’est un auteur que je n’ai encore jamais lu. L’effet de masse sur son best-seller, la crainte de ne pas y retrouver ce que j’aime lire… L’arrivée de son « petit » dernier en service presse, sur mon bureau, tombait donc à pic pour avoir un aperçu de sa plume.
Et pour le coup, je ne suis certainement pas avec le bon roman pour comprendre le phénomène Delacourt. Pourquoi ? En quelques pages, j’ai compris que je plongeais dans un tout autre univers, plus sinistre, plus sombre (plus ressemblant aux romans de la rentrée littéraire en général ! oups)
C’est l’histoire d’un homme qui fait un boulot de merde. Il s’agit d’Antoine, expert en assurances. Quarantenaire, à l’humeur pas très jouasse, cet homme fait le bilan de sa vie, en évaluant la valeur de ces choses qui ont jalonné son existence, comme il évalue la somme que les assurances doivent reverser à leurs clients.
Chaque petit moment de la vie à son chiffre, sa valeur, ce petit détail insignifiant qui, là, est mis en valeur par des chapitres courts, retraçant le parcours de vie de cette homme, jusqu’à ce fameux soir, quarante ans après sa naissance…
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Alors que je tournais les premières pages de ce roman, j’ai lu un avis élogieux, et je prenais espoir. Quelques pages après, je doutais. Il m’a fallu un peu de temps pour me rendre compte que les différents personnages, de générations différentes, et qui parlaient à tour de rôle, n’étaient qu’un seul et même personnage… déjà, ça part pas très bien.
Cette histoire est sombre, âpre et pesante. Nous voyons un garçon grandir sous nos yeux, sans l’amour de ses parents. Il est le spectateur de cette tristesse ambiante, impuissant et docile.
Ce constat se fait tout au long de sa vie. Le manque d’amour d’un père apparaît de nouveau dans sa placidité d’adulte. Tout glisse sur lui, les moments heureux ne sont qu’un bref éclat de soleil avant de reprendre sa vie lisse.
C’est une lecture qui ne met pas du baume au cœur. On voit tout ce qu’il y a de plus sombre dans la vie quotidienne : enfants délaissés, manque d’amour, ambiance malsaine… Il y a de quoi péter un plomb. Et c’est ce qui finit par se déclencher, comme nous le voyons page 86, alors qu’un assuré n’obtient as ce qu’il veut :
« Je n’ai pas été mal élevé et je ne pense pas avoir jamais été grossier, monsieur. Mais vous pouvez vous les foutre au cul vos deux mille euros. Moi, j’avais une voiture comme neuve. Maintenant je n’ai plus de voiture et je ne pourrai sans doute jamais plus m’en acheter une. Vous êtes un minus, un minable, sans compassion. Une crotte de bique. Une énorme crotte de bique. Les gens souffrent autour de vous, et vous ne faites rien. Vous les enfoncez davantage. Je vous souhaite de caner en baguant.
Bonsoir monsieur.
Toute l’histoire de ma vie. »
L’ensemble du texte est d’un style simpliste, à la hauteur de cet extrait, fait que la lecture est fluide, rapide, mais aussi laborieuse, à cause de cette ambiance. Au final, ce roman n’est pas une expérience extraordinaire. Je n’ai pas ressenti ce coup de cœur exprimé par d’autres lecteurs, et je n’ai pas vu le coup de génie vendu dans la presse à sa sortie…
Comme la rentrée littéraire n’est pas facile ! Les valeurs sûres de certains me passent au-dessus, et je reste au bord du quai, à attendre ce roman qui va me transporter (ce dernier est en cours de lecture, au passage ! Billet à venir.)
Dans ce roman divisé en trois parties, la dernière m’a semblé la plus intéressante, le style simple correspond plus au narrateur, qui est la fille de ce quadragénaire en perdition.
Pas un coup de cœur, pas une grosse déception, comme je n’attendais rien de particulier de l’auteur… Je dirais que c’est un roman moyen, qui se lit, et qui s’oublie dans les semaines à venir. Encore une fois, l’histoire pouvait être bonne, mais ça ne casse pas des briques !
Une première expérience peu concluante avec Grégoire Delacourt, mais l’originalité de ce thème dans son parcours fait qu’il me restera toujours à découvrir ce roman qui l’a fait sortir de l’ombre… mais je vais attendre encore un peu !
Et vous, que pensez-vous de ce roman de la rentrée 2014 ?