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Il y a des romans qui attirent l’œil, sur la table des libraires, où sur les pages des copinautes. Pour celui-ci, j'ai vu une dizaine d'articles élogieux, vantant la qualité de ce roman de Gaëlle Josse.
Mais voilà, j'hésitais. 4,60 euros le livre de 80 pages, quand je peux en avoir de 700 pages pour 8,50 euros... Avouons quand même que cette réflexion ralentit un peu le mouvement vers la caisse du magasin, et qu'un autre livre prend le dessus.
Mais voilà... il a l'air quand même "vachement" bien...
Nous sommes en 1667, à Delft. Cette ville est aujourd’hui une des capitales de la porcelaine, avec ses nuances de bleu et de blanc. Ici, nous sommes aux côtés de Magdalena Van Beyeren. Cette dernière est marié à un homme travaillant dans la négoce, et le commerce d'épices. Nous sommes en pleine période de l'âge d'or des expéditions en Orient, à la découverte de nouvelles terres, de nouvelles saveurs à vendre... Magdalena se confie à un journal, pendant ses nuits d'insomnie. Dans ces 80 pages de récit, toute une époque, et tout un mode de vie s'étale sous nos yeux, comme un vibrant témoignage sur la société de l'époque, et le rôle de la femme.
Tout cela, agrémenté par des précisions sur cette toile d'Emmanuel de Witte : Intérieur avec une femme jouant du virginal, décrypté au gré des pages.
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La question à poser à l'issue de cette présentation : Est-ce que ce roman vaut le coup ?
Et bien OUI ! Sans aucun doute, c'est un roman qu'il faut avoir à proximité pour faire une transition entre deux grandes lectures, pour se remettre d'une lecture décevante, se détendre le soir, ou tout simplement pour apprendre quantité de choses sur l'époque des grandes découvertes, et ce qu'elles ont apportées aux pays qui ont envoyé ces grandes expéditions à travers les océans, pour faire leur richesse.
Quand on voit ces romans qui tournent en rond pendant des dizaines et des dizaines de pages et, à côté de cela, une petite pépite comme ce récit de Gaëlle Josse, on retrouve presque la foi.
Peu adepte des romans courts, ce dernier a su me contenter et me ravir, tout en m'ouvrant les yeux sur un pays, à une époque peu connue, pour ma part (hormis les éléments récoltés lors de mon expédition à Amsterdam).
Ce roman est d'une richesse folle. Références historiques, mise en scène magistrale du personnage à partir d'un vrai tableau de maître, qui nous en dit beaucoup plus, une fois la dernière page tournée.
C'est aussi un texte rare, qui explique avec clarté, sans fioriture, la vie d'une jeune fille qui devient mature, femme, puis mère, au XVIIe siècle. On y découvre ses passions, ce qu'elle doit sacrifier en grandissant, en tant que fille de riche marchand, sa condition de femme mariée, mais aussi ses souffrances de mère...
J'ai rarement eu l'occasion d'en dire autant sur un livre aussi court. j'ai surtout rarement eu l'occasion de tomber sur un roman de cette taille, et de le refermer en me disant : "J'ai lu ce que je voulais, il n'en fallait pas plus, pas moins, tout est dit !"
Pour son côté historique, pour son regard sur une société d'un autre temps, pour sa plume magnifique et certains de ses passages particulièrement émouvants, je note ce roman comme un de mes préférés de cette année 2014.
Evidemment, je le recommande à celles qui ne l'ont pas encore lu !
Et vous, vous connaissez Gaëlle Josse ?